Manifestations contre la loi Travail : au lendemain des violences, politiques et syndicats se rejettent la faute
De l'Elysée à l'opposition de droite, les responsables politiques français réclament, mercredi, la fin des manifestations. Une mesure qui ne passe pas du côté des opposants à la loi Travail.
La mobilisation contre la loi Travail continue de se durcir. Organisée à Paris, la manifestation nationale organisée, mardi 14 juin, a rassemblé entre 75 000 personnes, selon la police, et un million de personnes selon les organisateurs syndicaux. Mais elle a surtout été marquée par de violents affrontements entre les casseurs et les forces de l'ordre : 29 policiers et 11 manifestants ont été blessés, selon un bilan de la préfecture de police, tandis que 44 personnes ont été placées en garde à vue. Sur le parcours de la manifestation, des vitres de l'hôpital Necker-Enfants malades ont été brisées à coup de masse, selon l'AP-HP, qui a annoncé son intention de porter plainte.
Au lendemain de ces violences, les responsables politiques réclament l'arrêt des manifestations, et pointent du doigt la responsabilité des syndicats.
Hollande et la majorité veulent la fin des manifestations
Pour la première fois, François Hollande a menacé d'interdire les manifestations. "A un moment où la France accueille l'Euro, où elle fait face au terrorisme, il ne pourra plus y avoir d'autorisation de manifester, si les conditions de la préservation des biens et des personnes et des biens publics ne sont pas garanties", a prévenu le chef de l'Etat, mercredi, en Conseil des ministres, rapporte le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll.
De son côté, Manuel Valls a jugé "ambiguë" l'attitude de la CGT, et appelé le syndicat à "ne plus organiser" de grandes manifestations à Paris. Le Premier ministre a également déclaré que le gouvernement prendrait, "au cas par cas", ses "responsabilités". Lors d'une visite de soutien à l'hôpital Necker, le Premier ministre a qualifié "d'intolérables" les dégradations commises contre l'établissement.
Invité de l'émission "Questions d'info" sur LCP, Jean-Christophe Cambadélis a dit souhaiter "une pause dans les manifestations, parce qu'elles dégénèrent en violences", demandant à la CGT de "prendre ses responsabilités". "Quand la CGT discute avec la préfecture de police, elle refuse les préconisations de la préfecture de police, sur le parcours, la longueur, la façon de l'organiser, etc. Je ne dis pas que la CGT est responsable de la violence, (...) je demande à la CGT une pause, parce que ce ne sont pas les manifestations qui changeront la nature de la loi Travail", a développé le premier secrétaire du PS.
Sarkozy et la droite accusent la CGT
Nicolas Sarkozy, président des Républicains, a demandé que "la responsabilité civile" et "financière de la CGT soit engagée". L'ancien chef de l'Etat a aussi réclamé "l'incarcération immédiate et le rétablissement des peines planchers contre les casseurs et les voyous" auteurs de dégradations.
De son côté, Alain Juppé, candidat à la primaire de la droite, a préconisé l'interdiction des "manifestations qui constituent une menace évidente à l'ordre public". "Quand on appelle à manifester des milliers de gens et quand on sait que systématiquement, systématiquement, - ce n'est pas une fois que ça se produit, c'est à chaque manifestation -, il y a des casseurs qui en profitent, on est irresponsables de continuer à manifester", a estimé Alain Juppé.
Pour Jean-Pierre Raffarin, la CGT "n'est pas innocente des dérives des manifestations qu'elle organise". "La CGT prend une énorme responsabilité puisqu'à chaque manifestation qu'elle organise, il y a des violences", a lancé François Fillon.
Les syndicats en appellent aux "pouvoirs publics"
Premier syndicat visé par les responsables politiques, la CGT a estimé, mercredi, que "menacer d'interdire les manifestations était le signe d'un gouvernement aux abois", et dénoncé les accusations "inacceptables" du Premier ministre, Manuel Valls. L'organisation a souligné qu'il incombait "aux pouvoirs publics", dont le Premier ministre "a la première responsabilité, d'assurer la sécurité et le maintien de l'ordre", au lendemain de violences intervenues lors d'une manifestation nationale.
La CGT "tient à rappeler au Premier ministre que, comme il n'est pas de la responsabilité des supporters d'assurer la sécurité dans et autour des stades de l'euro de football, de la même façon il n'est pas de la responsabilité des manifestants d'assurer la sécurité dans et autour d'une manifestation autorisée par la préfecture de police". Elle assure avoir pris "les dispositions nécessaires afin de garantir la sécurité des participants à cette manifestation massive".
Le numéro un de Force ouvrière, Jean-Claude Mailly, s'est pour sa part insurgé contre les menaces d'interdiction des manifestations émises par l'exécutif, suggérant que dans ce cas, "on interdise l'Euro" de football, "puisqu'il y a également des violences". "Les organisations syndicales font leur travail dans les cortèges. Ce qui se passe en dehors de manifestations, c'est de la responsabilité des pouvoirs publics, a-t-il ajouté. C'est pyromane d'accuser les syndicats."
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