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Mise en place de l'index sur l'égalité salariale : "On espère que ça va faire prendre conscience aux femmes qu’elles doivent oser"

Les salariées du secteur bancaire placent beaucoup d'espoir dans le dispositif, obligatoire et contraignant dès vendredi pour les entreprises de plus de 1 000 salariés. 

Article rédigé par Sarah Lemoine, franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
L'égalité salariale réclamée ici lors d'un défilé 1er-Mai 2011 à Paris. (MAXPPP)

"Une femme va être rémunérée 25 000 euros annuels, alors qu’un homme, sur ce même métier, va percevoir 29 000 euros dès l’embauche", assure Laetitia Bresson salariée et déléguée syndicale dans un grand réseau bancaire. Elle attend beaucoup de la mise en place à compter de vendredi 1er mars de l'index sur l'égalité salariale, avec une "obligation de résultat", a assuré la ministre du Travail, Muriel Pénicaud. 

>>À lire aussi : comment va fonctionner l'index pour l'égalité salariale

Dans l'entreprise où travaille Laetitia Bresson, les femmes majoritaires, représentent 60% de l'effectif. Et pourtant, elles sont moins bien payées que leurs collègues masculins. Une discrimination qui, selon Laetitia Bresson, commence dès le recrutement, avec "des différences inexpliquées". "La femme est moins exigeante, demande moins au moment de l’entretien", lui répond sa direction lorsqu'elle demande des comptes.   

On nous dit qu'il y a beaucoup de femmes dans nos effectifs, qu'on a du mal à recruter des hommes. Alors, est-ce que vu que l’homme est la perle rare, c’est celui qu’on va payer plus cher ?

Laetitia Bresson, déléguée syndicale

à franceinfo

D'autres explications, dit-elle, sont données au moment d'une maternité : "Elle va partir en congés, donc on ne va pas l’augmenter, ou elle revient seulement de congés, il faut qu’elle fasse ses preuves." Résultat : "Les femmes doivent s’investir deux fois plus pour pouvoir retrouver une augmentation."

Le dispositif : un levier légal pour "s'affirmer" 

D’après les simulations du gouvernement, le secteur bancaire fait partie des plus mauvais élèves, avec celui de la construction et de l'assurance, en matière d'égalité salariale entre les hommes et les femmes. "La banque est un métier où on veut des leaders, des entrepreneurs, des hommes amoureux du challenge. Et on a cantonné les femmes à des métiers de techniciens, de conseils, qui sont les moins rémunérateurs", assure Laetitia Bresson. 

Avec l'entrée en vigueur de l’index de l’égalité salariale, elle attend du changement dans le secteur bancaire. "Ce qu’on espère surtout, c’est que ça va faire prendre conscience aux femmes qu’elles doivent oser, lance, optimiste, la déléguée syndicale. Dès le moment où une femme ose, met le poing sur la table, menace de partir en vendant sa compétence à la concurrence, d’un seul coup, bizarrement, on arrive à lui trouver 3 000 euros, 5 000 euros d’augmentation parce qu’elle s’est affirmée et qu'elle a fait valoir ses compétences."

Avec l’index, les entreprises de plus de 1 000 salariés qui affichent une mauvaise note auront trois ans pour rectifier le tir, sous peine d'être sanctionnées financièrement par l'inspection du travail. Le dispositif s'appliquera en septembre pour celles de plus de 250. Puis en 2020, pour les entreprises de plus de 50 salariés.

Les inégalités salariales mises à l'index - un reportage de Sarah Lemoine

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