: Reportage Semaine de quatre jours : les Britanniques se lancent dans la plus grande expérience mondiale jamais tentée
Travailler 4 jours ou 32 heures par semaine, sans perte de salaire, sans embauche et sans baisse de productivité, c’est l’expérience qui vient de commencer dans 70 entreprises britanniques. Elle doit durer six mois. Plus de 3 000 salariés sont concernés.
Dans cet entrepôt de Tottenham, au nord de Londres, on brasse de la bière, 30 000 litres par mois. Quelques employés chargent des fûts au milieu des immenses cuves en inox, au son du reggae dans les enceintes.
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Claire Doherty fait partie des neuf salariés de Pressure Drop. Elle est responsable des ventes et depuis un peu plus de deux semaines, elle expérimente la semaine de quatre jours. Son constat pour l'heure : bon pour elle, bon pour l'entreprise même si, jusqu'ici, son jour de repos supplémentaire lui a surtout servi à faire des courses, aller voir sa banque ou prendre un rendez-vous médical. "Ça paraît très ennuyeux tout ça", convient-elle.
"J'aimerais vous dire que j'écris un roman ou un truc dans le genre. Mais ça veut juste dire que, lorsque je reviens au boulot, j'ai l'esprit un peu plus clair. Parce que ce temps libre me permet de m'occuper de tout ça."
Claire Doherty, responsable des ventes chez Pressure Dropà franceinfo
Simon White a fondé Pressure Drop il y a dix ans. Ce patron en bermuda explique qu'il n'entend pas conquérir le monde. Il a proposé cette expérience à ses salariés avec l'excitation d'être un pionnier, mais dans un cadre clair. Il n'embauchera personne et le bilan sera tiré dans six mois. "Tout est possible. On l'a bien dit aux salariés, c'est seulement un essai. Ce sera un succès s'il n'y a aucun impact négatif. Ça doit marcher pour les actionnaires autant que pour les employé", insiste-t-il.
Réduire le temps de travail pour aider le reste de la société
L'expérience de cette brasserie londonienne, comme tout le projet britannique, est pilotée par un organisme baptisé 4 Day Week, une idée néo-zélandaise développée par des chefs d'entreprise et des universitaires pour la propager dans le monde entier. Des formations sont proposées aux patrons intéressés et un accompagnement dans les premiers temps également. Charlotte Lockhart est l'une de ces dirigeantes. "Plus de temps libre, ça aide aussi le reste de la société, défend-elle. Les associations locales et les clubs de sport peinent à trouver des gens impliqués parce que personne ne semble avoir le temps".
L'expérience britannique est la plus grande jamais tentée dans le monde. Elle est menée dans des secteurs aussi différents que la finance, le fish and chips ou la santé. Des universitaires de Cambridge, Oxford et Boston vont la suivre dans le détail pendant les six mois de test. Ils évalueront les conséquences sur la productivité des 70 entreprises et la qualité de vie des 3 300 personnes engagées dans ce test.
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