Réforme des retraites : Edouard Philippe transmettra demain par écrit ses propositions aux partenaires sociaux
Des discussions sur les modalités d'organisation d'une conférence de financement du système de retraites ont été organisées vendredi à Matignon entre le gouvernement et les partenaires sociaux.
Ce qu'il faut savoir
Le gouvernement joue une nouvelle carte pour défendre l'âge pivot, mesure la plus largement contestée de son projet de réforme des retraites. Vendredi 10 janvier, Matignon a dévoilé aux partenaires sociaux un chiffrage des économies que permettait selon lui cette mesure : elles atteindraient trois milliards d'euros en 2022, et douze milliards en 2027, date à laquelle cet âge pivot à l'augmentation progressive atteindrait 64 ans.
Ces estimations figurent dans un document consulté par franceinfo et France Télévisions, distribué par Matignon aux partenaires sociaux, vendredi, en marge d'entretien bilatéraux : Edouard Philippe reçoit à tour de rôle les organisations syndicales et patronales pour discuter des modalités d'organisation d'une conférence sur le financement de la réforme, proposée par la CFDT.
Des propositions "concrètes" du gouvernement. Edouard Philippe a indiqué vendredi dans la soirée qu'il adresserai samedi "aux organisations syndicales et patronales des propositions concrètes", suite à une journée d'échanges qui a donné lieu à des discussions "très franches, très constructives", a-t-il indiqué devant les journalistes.
La conférence de financement toujours en débat. A la sortie de son entretien avec Edouard Philippe, le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger, à l'origine de cette proposition, s'est dit ouvert à ce qu'elle soit organisée en même temps que l'examen du projet de loi à l'assemblée. Il souhaitait initialement qu'elle ait lieu plus tard. Il se rapproche ainsi de la position de Philippe Martinez, leader de la CGT, qui s'est dit "d'accord sur le principe" de cette conférence, mais ne souhaitait pas qu'elle soit "détachée du projet de loi" dans son ensemble. Contrairement à la CFDT, il ne s'oppose pas seulement à l'âge pivot mais au projet dans son ensemble. Le patron du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, veut lui que le sujet soit réglé d'ici trois mois et juge qu'on ne peut pas "continuer à discuter du financement si projet de loi est voté".
Le retrait de l'âge pivot toujours revendiqué. Outre la CFDT, qui a réitéré son souhait de le voir disparaître du projet, le secrétaire général de l'Unsa, Laurent Escure, a dit espèrer un retrait de cette dernière mesure "dans les prochaines heures". "On ne m'a pas dit si oui ou non il serait retiré", a nuancé son homologue de FO, Yves Veyrier. Geoffroy Roux de Bézieux, en revanche, juge que le maintien dans le nouveau système d'une "mesure d'âge" est "absolument indispensable".
L'avant-projet de loi dévoilé. Le texte rendu public par le gouvernement vendredi comprend notamment de nombreuses mentions de l'âge pivot (nommé ici "âge d'équilibre"). Si le gouvernement affirme l'avoir envoyé aux organisations syndicales, Philippe Martinez a affirmé ne pas l'avoir reçu : "Il a été envoyé à des institutions où siègent des organisations syndicales, à la CNAV par exemple, mais ce n'est pas pareil".
Le mouvement de grêve continue, les avocats manifestent. Plusieurs centaines d'entre eux ont protesté à l'intérieur du palais de justice de Paris, en marge de l'audience solennelle de rentrée de la Cour de Cassation à laquelle assiste la ministre de la Justice Nicole Belloubet. Au Havre (Seine-Maritime), la zone industrialo-portuaire, qui regroupe 1 200 entreprises, est bloquée par des manifestants. Des dépôts de tramways ou de bus ont également été bloqués, tôt vendredi, dans au moins quatre agglomérations françaises : Marseille, Nancy, Dijon et Nantes. A Marseille, des manifestants ont aussi envahi les voies de la gare Saint-Charles.
A la RATP, "de nombreuses lignes encore très perturbées". Pour la 37e journée de grève contre la réforme des retraites, aucune ligne de métro n'est fermée vendredi complètement fermée mais, à l'exception des lignes 1 et 14, elles ne circuleront à nouveau qu'aux heures de pointe (6h30-9h30 et 16h30-19h30). Et parfois seulement le matin (la 13) ou en fin de journée (la 6 et la 12).
Nette amélioration à la SNCF. Le trafic sera meilleur que celui de la veille, avec le maintien de quatre TGV sur cinq (dont sept Ouigo sur huit), un Intercités sur trois, trois TER sur cinq et trois Transilien sur cinq.
De très nombreuses cagnottes pour les grévistes. Les cagnottes recevant des dons pour les grévistes mobilisés contre la réforme des retraites se multiplient depuis le début du mouvement, avec l'objectif de les soutenir financièrement mais aussi moralement. Sur internet, de nombreuses caisses de grève ont été créées par des syndicats ou des collectifs pour recueillir ces aides via différentes plateformes de cagnottes en ligne, ciblant parfois une catégorie très précise de grévistes.