Réforme des retraites : "c'est une ligne rouge et une mauvaise surprise", réagit la négociatrice pour la CFTC
Le rapport sur les retraites du haut-commissaire Jean-Paul Delevoye, présenté jeudi, préconise un départ à 64 ans dès 2025 pour toucher une pension à taux plein.
Le gouvernement veut encourager les Français à travailler plus longtemps. L'âge légal de départ sera bien maintenu à 62 ans mais l'âge qui permettra aux actifs de partir à la retraite avec un équivalent du taux plein sera fixé à 64 ans, selon le rapport sur le nouveau système de retraites présenté jeudi 18 juillet.
"Une ligne rouge et une mauvaise surprise", pour Pascale Coton, la négociatrice pour la CFTC sur la réforme des retraites. "On n'a pas beaucoup de seniors qui peuvent à 62 ans prétendre à un emploi et nos jeunes frappent aux portes des entreprises parce qu'ils n'ont pas d'emploi. On ne peut pas inventer un système qui va en bloquer d'autres", a-t-elle expliqué sur franceinfo.
franceinfo : Ce système de décote et de surcote était-il au coeur des négociations ?
Pascale Coton : Lorsqu'on avait parlé de 64 ans, c'était pour donner un plus à celui qui allait travailler à 63 et 64 ans. Ce matin [jeudi], on a eu la surprise que c'était un -5% pour ceux qui vont partir à la retraite à 62 ans et -5% pour ceux à 63 ans. On avait discuté d'une surcote et de tous ceux qui ne devaient pas être touché par ces 64 ans. Les carrières longues, ceux qui ont commencé très tôt, les fonctions régaliennes comme les pompiers, les forces de l'ordre, l'armée qui partent à 52 ou 57 ans. C'est légitime et on continue comme ça. Tous ceux qui sont en situation de pénibilité doivent pouvoir partir plus tôt. Et on apprend qu'il va falloir continuer deux ans pour éviter une pénalité de 5%.
C'est une ligne rouge pour vous ?
Oui, c'est une ligne rouge et c'est une mauvaise surprise. On n'a pas beaucoup de seniors qui peuvent à 62 ans prétendre à un emploi et nos jeunes frappent aux portes des entreprises parce qu'ils n'ont pas d'emploi. On ne peut pas inventer un système qui va en bloquer d'autres.
L'espérance de vie qui augmente, devoir financer les retraites, ce sont des arguments que vous entendez aujourd'hui ?
On peut les entendre mais si on était en plein emploi, ça prendrait toute sa valeur. Aujourd'hui, une grosse partie de nos seniors sont au chômage. Ils risquent même d'arriver en fin de droit à 62 ans. Et ils vont avoir un temps très difficile jusqu'à 64 ans parce qu'ils ne seront plus considérés comme du taux plein. Dans le rapport, l'âge légal de départ est 62 ans mais pour avoir son taux plein, il faut rester jusqu'à 64 ans. Pour tous ceux qui ont acquis 30 ou 40 ans de cotisations par des trimestres, ça va être transformé en points et ils n'auront pas à partir à 64 ans, ils seront trop près de la retraite. C'est surtout pour tous ceux qui vont arriver dans le nouveau système, c'est quelque chose de très compliqué à comprendre et les salariés y sont opposés bien évidemment.
La pénibilité de certains métiers a-t-elle été prise en compte ?
Le compte C2P (Compte professionnel de prévention), qui n'était autorisé que pour les salariés du privé, est élargi à la fonction publique. Par exemple, l'infirmière qui travaille de nuit va pouvoir acquérir des points versés dans le compte pénibilité. Pour partir plus tôt à la retraite, pour avoir du temps partiel ou pour avoir une formation. C'est quelque chose d'important. On était très attaché à tout ce qui pouvait améliorer la condition de retraite des femmes. Elles ont en moyenne 40% de moins que les hommes donc il fallait corriger des choses. On avait demandé que tous les enfants soient reconnus au moment de la retraite, pas que le troisième et c'est le cas. Ce sont des choses importantes à noter. Une autre demande était les aidants. Trois millions et demi de personnes, essentiellement des femmes, arrêtent de travailler plus tôt pour pouvoir aider une personne dépendante. Elles auront des points considérés comme du temps de travail. Les congés maladie et maternité vont rapporter des points aussi.
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