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Chasse aux arrêts maladie de complaisance : "C'est de la maltraitance vis-à-vis des médecins de famille", dénonce un représentant des généralistes

La Caisse nationale de l'assurance maladie demande à plus d'un millier de médecins de limiter les arrêts maladie pour ne pas risquer de pénalités financières. Luc Duquesnel les appelle mardi sur franceinfo à refuser "cette mise sous objectif".
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Le docteur Luc Duquesnel, président des généralistes de la Confédération des syndicats médicaux français, en 2013. (GARO / PHANIE / VIA AFP)

"Mettre cette pression sur les médecins traitants, c'est scandaleux, c'est de la maltraitance vis-à-vis des médecins de famille", a dénoncé mardi 20 juin sur franceinfo Luc Duquesnel, médecin généraliste en Mayenne, président de la branche "généralistes" de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF). Bercy veut faire la chasse aux arrêts maladie de complaisance et espère récuperer ainsi 10 milliards d'euros.

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La Caisse nationale de l'assurance maladie (Cnam) a contacté 6 000 médecins identifiés comme de gros prescripteurs d'arrêts maladie. Parmi eux, un millier sont particulièrement visés. Ils doivent s'engager à limiter les arrêts maladie s'ils ne veulent pas risquer de pénalités financières. Luc Duquesnel appelle à refuser "cette mise sous objectif" et les incite à réclamer "une mise sous accord préalable". En clair, l'arrêt maladie devra être validé par le médecin conseil.

franceinfo : Le gouvenement a-t-il raison de faire la chasse aux arrêts maladie de complaisance ?
Luc Duquesnel : Si vraiment il est identifié des fraudes qui existent aux arrêts de travail, très clairement, on ne peut pas être d'accord avec de telles fraudes. Ce ne sont que des médecins généralistes, des médecins de famille qui vont être contrôlés. 6 000 médecins, c'est 13 % des médecins généralistes puisqu'on est actuellement 46 000 en France. Aujourd'hui, les médecins de terrain sont de moins en moins nombreux, avec de plus en plus de patients à prendre en charge. C'est très dur aujourd'hui le métier de médecin de famille. 

"Finalement, le ressenti, c'est qu'on est considéré comme des fraudeurs. 13% des médecins généralistes sont considérés comme des fraudeurs par la Cnam."

Luc Duquesnel, président de la branche "généralistes" de la CSMF

sur franceinfo

Les arrêts de travail ont augmenté de 30 % ces trois dernières années. Comment l'expliquez-vous ?
Il y a de moins en moins de chômage, donc de plus en plus de gens qui travaillent. S'il y a de plus en plus de gens qui travaillent avec des salaires qui augmentent, c'est normal que le nombre d'arrêts de travail augmente et que le coût des arrêts de travail augmente. On n'est pas surpris. C'est de la vraie maltraitance vis-à-vis des médecins, des médecins de famille, des médecins de terrain. La Caisse nationale d'assurance-maladie va contribuer à aggraver l'accès aux soins. Quand on voit à quel point notre travail au quotidien est dur. Quand je fais des arrêts, c'est parce que le rendez-vous avec les spécialistes, il est dans trois mois et que je vais prolonger l'arrêt de travail du salarié.

On ne vous a jamais demandé des arrêts de complaisance ?
Ce qui peut arriver, c'est quelqu'un qui va simuler un mal de dos, mais c'est toujours des arrêts de courte durée. Aujourd'hui, on a des entreprises d'ailleurs qui sont identifiées par la Cnam où le travail est de plus en plus dur, où le turn-over des salariés est important parce que les conditions de travail sont très difficiles. Ce sont des gens qui présentent des états d'anxiété, des états anxio-dépressifs, qui ne dorment plus, qui arrivent en pleurs au cabinet. Normalement, la caisse est informée de tous ces arrêts. Si vraiment il y a des arrêts qui sont renouvelés, elle peut contrôler les patients. Donc aujourd'hui, mettre cette pression sur les médecins traitants, c'est scandaleux, c'est de la maltraitance à médecins de famille.

Les courriers sont adressés uniquement aux médecins qui prescrivent au moins deux fois plus d'arrêts de travail que les autres.
Ça dépend de votre patientèle. Si vous avez une patientèle qui est constituée avant tout de patients retraités, le taux d'arrêts-maladies est très faible. On dit souvent que l'âge de la patientèle du médecin correspond à l'âge du médecin. Si vous avez 40 ans, cela veut dire que vous avez une patientèle avec un pourcentage important de gens qui travaillent. À partir de là, vous allez avoir beaucoup plus d'arrêts de travail par rapport au nombre d'actes que vous faites. Il n'y a rien de surprenant. 

"Le fait que les médecins-conseils vont proposer une mise sous objectif, c'est-à-dire qu'on va dire aux médecins : vous devez diminuer de 15 % vos arrêts de travail. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que pour les patients qui sont en souffrance, on ne va pas pouvoir faire des arrêts de travail."

Luc Duquesnel, président de la branche "généralistes" de la CSMF

sur franceinfo

On dit aux médecins : refusez cette mise sous objectif, par contre demandez une mise sous accord préalable. Ça m'est arrivé il y a quelques années. Quand je fais un arrêt, je préviens le patient que mon arrêt ne sera effectif que s'il est validé par le médecin conseil. Aucun de mes arrêts n'a été remis en cause par le médecin conseil.

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