L'Elysée visé par une enquête préliminaire pour harcèlement moral
Le palais est reconnu comme responsable de la maladie professionnelle d'un de ses agents, révèle "Mediapart". Le procureur de la République de Paris a ouvert en 2018 une enquête préliminaire pour harcèlement moral.
Une "situation délétère. Dans un document daté du 28 février, consulté par Mediapart, le ministère de l'Intérieur reconnaît que les conditions de travail à l'Elysée sont responsables de la maladie professionnelle d'un de ses anciens agents âgé de 50 ans. Selon le rapport du médecin expert agréé, le fonctionnaire souffre aujourd'hui d’un "état anxio-dépressif réactionnel d’intensité marqué, de sévérité et de gravité confirmées". Le procureur de la République de Paris a ouvert en juin 2018 une enquête préliminaire pour harcèlement moral, a appris franceinfo de source judiciaire, confirmant les informations de Mediapart.
Harcèlement et humiliations
Pendant deux ans, le fonctionnaire a subi du harcèlement et des humiliations, avec pour circonstance aggravante l’"absence caractérisée de soutien social de la part de sa hiérarchie et de la DRH", précise le document. Entré à l'Elysée en 2007 comme chef de bureau du courrier des particuliers, l'agent s'est mis en arrêt maladie en octobre 2017.
La situation aurait empiré en septembre 2016, à la fin du quinquennat de François Hollande. Comme à chaque élection présidentielle "des guerres s’ouvrent entre agents pour récupérer le poste de l’autre. La hiérarchie favorise ce genre de comportements. À la fin, elle n’a plus qu’à compter les morts. C’est un système de cour", raconte-t-il à Mediapart. Trois de ses collègues l'accusent alors de harcèlement moral et sexuel avant de revenir sur leurs déclarations.
Malgré ce retournement de situation, le fonctionnaire est rétrogradé en janvier 2017 et fait l'objet en octobre de la même année de deux lettres anonymes portant sur sa vie professionnelle et personnelle. Il constate que l'Elysée n'a déclenché aucune procédure interne pour le protéger, poursuit Mediapart. En février 2018, l'Elysée l'informe qu'il doit finalement quitter le palais.
Une plainte déposée
En avril 2018, le fonctionnaire a finalement déposé plainte pour dénonciations calomnieuses contre son ancienne collègue, et pour harcèlement moral et manquement à l’obligation de protection de la santé au travail, contre le chef de son service et contre l'ancienne DRH de l’Élysée. Le procureur de la République de Paris a ouvert une enquête préliminaire, confiée à la brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP).
Interrogé par Mediapart, l'Elsyée affirme ne pas avoir "connaissance d’un dépôt de plainte" contre son ancienne DRH. Cette dernière a déclaré qu'elle préférait "s'expliquer devant un magistrat".
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