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Temps de travail des internes en médecine : "La seule solution, c'est le recours au tribunal administratif", prévient un syndicat

Le temps de travail des internes en médecine est normalement fixé à 48 heures, mais la règle n'est que très rarement respectée. Nejm Si Mohamed, secrétaire général de l'intersyndicale nationale des internes, appelle à une action en justice. 

Article rédigé par franceinfo
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Une manifestation d'internes en médecine à Paris, le 19 juin 2021. (PHILIPPE DE POULPIQUET / MAXPPP)

"Les journées où l'on rentre chez soi à 21 heures, où l'on se couche le ventre vide parce qu'on n'a pas le temps d'aller faire les courses, parce qu'on est trop épuisés, c'est notre quotidien", témoigne Nejm Si Mohamed, secrétaire général de l'intersyndicale nationale des internes, invité mardi 6 septembre sur franceinfo. Alors que le temps de travail des internes en médecine est fixé à 48h par semaine, l'intersyndicale alerte sur le non-respect de ce droit.

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"Rien n'a été entrepris pour mettre en place un décompte du temps de travail", dénonce l'interne au CHU Montpellier-Nîmes. "Pour faire respecter cela, la seule solution que l'on voit, c'est le recours au tribunal administratif", poursuit-il.

franceinfo : A quoi ressemblent les journées d'un interne en médecine ?

Nejm Si Mohamed : Les journées où l'on rentre chez soi à 21 heures, où l'on se couche le ventre vide parce qu'on n'a pas le temps d'aller faire les courses, parce qu'on est trop épuisés, c'est notre quotidien. La charge de travail, les exigences émotionnelles, c'est le quotidien des internes. Je me rappelle ce moment où, en réunion, on s'est dit, un peu gênés, "Ah toi aussi t'es en arrêt pour burn-out ?" Une fois passées les premières gênes, on s'est rendu compte que c'était à nous de faire changer les choses, de parler, de dire que ça ne va pas, de dire qu'on a besoin de repos. Ces choses-là sont importantes. On ne les apprend pas parce qu'on nous apprend à être forts, à tenir jusqu'au bout, avec un risque de dépendance au travail qui est très dangereux pour l'état de santé mentale des internes.

Cet été, vous avez prévenu les hôpitaux d'un possible recours en justice s'ils n'appliquaient pas le décret sur le temps de travail des internes. Comment cet appel a été reçu ?

Nous nous sommes associés avec les autres syndicats pour mettre en demeure l'ensemble des CHU et des hôpitaux de France de faire respecter le décompte horaire du temps de travail. Mais, même si le Conseil d'Etat a conclu qu'il était de la responsabilité des établissements publics de mettre en place un tableau de service et un dispositif de décompte du temps de travail, cela n'a pas encore été fait. Certains hôpitaux, certains chefs de service, veulent se mettre en ordre pour respecter cela. Mais, actuellement, rien n'a été entrepris de manière concrète pour mettre en place ce dispositif de décompte du temps de travail et faire respecter le temps maximum légal qui est de 48h par semaine.

C'est un problème de mentalité qu'il faut changer, selon vous ?

Oui, il y a un bien-fondé, un présupposé, selon lequel le médecin doit rendre service aux autres. Il y a un sentiment d'héroïsme qui laisse penser à certains médecins, à certains internes, qu'on ne peut pas partir si on n'a pas tout réglé avant la fin de la journée, ce qui parfois est impossible à faire avant 22 heures, 23 heures.

"Ça dénote aussi d'un certain système qui nous a appris à nous donner à fond, à ne jamais s'arrêter et qui ne nous permet pas de sanctuariser des moments de repos, des moments à soi."

Nejm Si Mohamed, secrétaire général de l'Intersyndicale nationale des Internes

à franceinfo

Vous pensez que pour changer les choses, il faut aller jusqu'à saisir la justice administrative ?

Oui. Depuis deux ans que je milite dans le milieu syndical des internes, malgré tout ce qu'on a pu tenter, rien n'a jamais été fait, rien de concret. Pour que nos internes, les soignants et les soignés soient en bonne santé, il faut que les conditions de travail soient dignes, et pour faire respecter cela, la seule solution que l'on voit c'est le recours au tribunal administratif.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes médecins qui vont entamer leur internat ?

Faites ce qui est juste, battez-vous pour ce qui est bien. Si on laisse passer des petits aménagements sur sa vie personnelle, on perd pied. Et, petit-à-petit, on se retrouve dans une spirale qui nous empêche de reprendre pied. Savoir poser des barrières dans son quotidien, ça fait partie des choses que j'ai apprises dans la douleur et je ne souhaite à personne de l'apprendre de la même manière que moi.

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