: Vidéo "Personne n'est à l'abri" : après le suicide d'une factrice, ses collègues accusent les réorganisations incessantes à La Poste
Que se passe-t-il à la Poste ? Pour s'adapter à la concurrence et à la chute du volume du courrier, l'entreprise vit au rythme de "réorgs", ou réorganisations, répétées. Certains salariés dénoncent une grande souffrance au travail, qui va parfois jusqu'au suicide. Paula, factrice à Sarlat, s'est donné la mort en 2018. Extrait à voir dans "Envoyé spécial" le 12 septembre 2019.
Pression du résultat, travail minuté par un logiciel informatique, usagers devenus des "clients", effectifs diminués de 20% en l'espace de dix ans... le métier de facteur a complètement changé. Selon certains témoins, plusieurs salariés de La Poste auraient mis fin à leurs jours à cause de ces conditions de travail dégradées. "Envoyé spécial" revient sur l'histoire de Paula Da Silva, factrice à Sarlat, en Dordogne.
Un premier burn-out après une "réorg"
En 2016, après une première réorganisation de son bureau, cette mère de famille quadragénaire fait un burn-out. Dans un courrier adressé au siège, à Paris, son directeur alerte sur "un absentéisme accru et un climat social tendu et conflictuel", générés par ces réorganisations. Ce directeur est remplacé par un nouveau manager. En 2018, celui-ci lance une nouvelle réorganisation.
La peur de perdre son travail
Paula, alors en arrêt maladie pour une fracture du pied, se sent menacée. Des SMS qu'elle envoie à une amie et collègue disent sa détresse : "...besoin urgent d'un syndicat de confiance pour m'aider. (...) Je suis dans la merde ! (...) Ils veulent ma peau. (...) Je panique." Paula se confie aussi à Jérôme Neuville, un ami d'enfance qui travaillait avec elle. Il se souvient qu'elle avait peur de perdre son travail : "Elle était très stressée par rapport à la réorganisation, qui était compliquée." Elle "avait perdu pied", dit-il, il ne la reconnaît plus. Paula se donne la mort trois jours plus tard, le 24 octobre 2018.
"Un mal-être qui devient permanent"
Ses collègues, réunis pour "crever l'abcès", sont aujourd'hui plusieurs à estimer que La Poste aurait une part de responsabilité, notamment avec ces "réorgs incessantes". Avec des suppressions de poste à la clé, elles génèrent à chaque fois "une montée de pression extraordinaire" et, à force, "un mal-être qui devient permanent" dans certains bureaux de poste. Ils confient leur douleur, "terrible", après le suicide de Paula, et leur sentiment de ne pas être eux-mêmes "à l'abri".
Extrait de "La Poste sous tension", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 12 septembre 2019.
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