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Vidéo Quand ce médecin du travail entend le gouvernement dénoncer les arrêts de travail abusifs...

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Article rédigé par France 2
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Dans son cabinet médical itinérant installé dans un camion, le Dr Dumortier voit des patients qui, malgré des douleurs invalidantes, insistent pour continuer à travailler. Alors ne venez pas lui parler d'arrêts de travail abusifs... Extrait d'"Envoyé spécial".

Dans un camion qui sillonne l'Ile-de-France à la rencontre des salariés qui n'ont pas de médecin du travail dans leur entreprise, le Dr Marielle Dumortier voit défiler toutes les professions, tous les maux du travail. A commencer par les troubles musculo-squelettiques dus à des gestes répétitifs.

"De temps en temps, le corps, il craque, il casse. Parce qu'on voudrait des gens qui sont dans l'hyperperformance tout le temps. Eh bien non, ce n'est pas possible, d'être hyperperformant tout le temps, proteste-t-elle. C'est comme si on demandait à beaucoup de salariés de faire un marathon, mais il n'y a jamais de ligne d'arrivée. Ils sont toujours au maximum de leurs efforts. On doit pouvoir se reposer de temps en temps ! Reposer son corps, mais aussi reposer sa tête, reposer son esprit."

"On voit des gens qui reprennent le travail beaucoup trop vite"

Mais justement, les salariés que le médecin du travail reçoit dans son camion ne veulent pas entendre parler de repos. Ils demandent à continuer à travailler, malgré la douleur. Comme cette responsable d'un magasin de surgelés qui n'a plus de force dans l'épaule gauche depuis qu'un congélateur lui est tombé dessus. Au repos depuis un mois, elle voudrait reprendre pour soulager son collègue. Le Dr Dumortier refuse. 

Aussi, quand elle entend le gouvernement dénoncer les arrêts de travail abusifs, ça la fait bondir. "Nous, au contraire, on voit des gens qui reprennent le travail beaucoup trop vite, parce qu'ils ont tellement peur de le perdre. Ou alors ils aiment tellement leur travail qu'ils veulent reprendre même si leur santé n'est pas encore stabilisée. (...) Moi, je suis en colère quand j'entends ça : 'Les salariés, ils abusent, ils sont toujours en arrêt.' Et réfléchissons un peu : pourquoi ils sont en arrêt ?"

Les maladies professionnelles psychologiques en hausse de 35% en 2018

Stress, burn-out… Les rythmes effrénés abîment aussi la santé mentale des travailleurs. Derrière les murs de ces entreprises, un salarié sur cinq se déclare hyper stressé. Les maladies professionnelles psychologiques ont augmenté de 35% l'an dernier. Le docteur reçoit beaucoup de salariés dépassés par un monde du travail qui change trop vite pour eux.

Extrait de "Le travail qui casse", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 11 avril 2019.

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