Assurance-chômage : "On va être invité à des concertations, mais la loi est déjà écrite", déplore le président du syndicat CFE-CGC
Dans un projet de loi pour "améliorer le fonctionnement du marché du travail", le gouvernement entend réformer l'assurance-chômage. Des négociations sont prévues avec les syndicats, mais elles seront difficiles selon François Hommeril.
"On va être invité à des concertations, mais la loi est déjà écrite", a déclaré mercredi 7 septembre sur franceinfo François Hommeril, président du syndicat des cadres CFE-CGC, alors que la prolongation du régime actuelle de l'assurance-chômage va être discutée en Conseil des ministres mercredi. Sur l'assurance-chômage, le projet de loi prolonge les règles actuelles jusqu'à fin 2023. Il ouvre aussi la voie à une nouvelle réforme qui évolue en fonction de la situation économique. Le texte, minimaliste, est présenté comme une "première étape" pour atténuer les difficultés de recrutement des entreprises.
franceinfo : Peut-on encore parler de négociations en ce qui concerne la réforme alors que le gouvernement semble avoir déjà pris ses décisions ?
François Hommeril : Non, pas du tout. La méthode, on la connaît, une fois de plus on va être invité à des concertations. Le gouvernement va nous entendre, on aura l'occasion de lui répéter ce que l'on pense sur le sujet, on le dira aussi devant la presse, mais la loi est déjà écrite puisque le gouvernement a déjà communiqué sur le sujet. Le patronat, le Medef en particulier, a déjà annoncé qu'il ne souhaitait pas négocier entre partenaires sociaux parce qu'il sait, comme il le dit, qu'on ne va pas tomber d'accord sur la question de l'indemnisation contracyclique.
Dans ces conditions, est-ce vraiment utile de vous entretenir avec le gouvernement ?
On est un peu lassé de ça. Le principe même d'une négociation, c'est que chacun qui participe à la négociation prend son risque. On vient avec des avis, chacun vient avec sa vérité, on partage et on essaie de dégager un consensus. La négociation est un risque permanent de se décaler par rapport à son point de vue de départ. Je suis prêt à prendre ce risque. Les positions, il faut par principe accepter d'en changer en fonction des arguments des autres. Or, là, le gouvernement une fois de plus pose un principe très contesté de dire que les gens sont plus ou moins motivés pour reprendre un emploi en fonction du niveau de l'indemnisation qu'ils ont. Ce principe est faux.
"Il a été démontré par tout un tas d'études qu'il n'y a pas de lien entre l'indemnisation que l'on touche et la motivation à retrouver un emploi."
François Hommeril, président de la CFE-CGCsur franceinfo
Mais il y a un phénomène qui est connu, sur lequel je suis prêt à discuter. C’est le phénomène de manque d’intérêts, de méfiance qu’il y a pour toute une génération à rentrer dans l’entreprise. La génération des plus jeunes nous envoie un message. Ils nous disent "on a vu nos parents s’investir et on voit que l’entreprise ne leur rend rien plans sociaux, difficultés pour travailler". Ils disent "on a 20 ans, 25, ans, 30 ans, on est diplômés, on est concernés par l’environnement, les conditions de travail et on veut savoir si l’entreprise dans laquelle on va a un projet en relation avec mon projet individuel". C’est nouveau et ça met sous pression les offres de travail des entreprises et c’est super. Je suis disponible à en discuter, je pense que cela fait partie des choses qui vont contribuer à faire évoluer la société. Et la réponse du gouvernement et du patronat, c’est de dire "ces gens-là font la fine bouche, on va donc leur taper un peu sur la tête pour les forcer à rentrer dans les entreprises où aujourd’hui, ils ont un peu des réserves". C’est une très mauvaise réponse à une vraie question.
Vous appelez à une refondation de la façon dont fonctionnent les entreprises. Allez-vous participer au Conseil national de la refondation ?
Non, on a décidé de ne pas y participer. On ne peut pas dire, comme le président de la République, j'ai changé, je veux adopter une nouvelle méthode et en même temps dire qu'on va légiférer par décret pour l'assurance chômage. Dire qu'on va faire de la concertation, mais qu'on a déjà pris sa décision et faire de la dégressivité des allocations en fonction de la conjoncture. On ne peut plus accepter une telle différence entre les discours, les engagements et les actes.
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