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La réforme de l'assurance chômage est "à contresens et injuste", estime le patron de Force ouvrière

Selon Yves Veyrier ce sont les travailleurs précaires qui subiront le plus "les méfaits" de cette réforme qui entrera pleinement en application au 1er juillet. Leur indemnisation baissera "de l'ordre de 20 à 30%", affirme le syndicaliste. 

Article rédigé par franceinfo
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Yves Veyrier, le secrétaire général de Force Ouvrière, en octobre 2020. (LUDOVIC MARIN / POOL)

La réforme de l'assurance chômage est "une réforme à contresens et injuste", juge mardi 2 mars sur franceinfo Yves Veyrier, le secrétaire général de Force Ouvrière, alors que la ministre du Travail Elisabeth Borne a confirmé que la réforme, suspendue depuis l'été 2020, s'appliquera en totalité à partir du 1er juillet 2021."À l'évidence, l'obstination pour faire cette réforme l'emporte sur la raison", estime Yves Veyrier.

Inquiétude pour les plus précaires

"Cette réforme, elle n'était pas bonne hier, en juin 2019, quand le gouvernement nous l'a imposée. Les cinq confédérations déjà s'y étaient opposées, indique le patron de FO. Elle ne l'est pas aujourd'hui, puisque le gouvernement lui-même a dû à plusieurs reprises en reporter l'application. Et elle ne sera pas bonne demain même légèrement amendée." 

"Ce sont les plus précaires qui vont en subir les méfaits. Il sera plus difficile d'avoir une allocation décente."

Yves Veyrier

à franceinfo

"Cela va être de l'ordre de 20 à 30% de baisse", affirme Yves Veyrier, sur des indemnisations "qui tournent souvent autour même pas du Smic. Quand vous perdez 20% sur 900 euros, les fins de mois sont difficiles". Le secrétaire général de Force Ouvrière fait valoir que ce ne sont pas "les plus précaires qui choisissent d'être en contrat précaire. Ce sont les contrats qui leurs sont offerts. Point".

Force ouvrière "n'exclut pas de retourner devant le Conseil d'Etat"

Concernant l'instauration d'un système de bonus-malus pour les entreprises en fonction de leur recours aux contrats courts, Yves Veyrier estime que "c'est le paradoxe de cette réforme" de l'assurance chômage. "Les entreprises vertueuses bénéficieront d'un bonus quand les entreprises abusant de contrats très courts, elles, seront taxées." Pour le syndicaliste, "cette réforme ne s'appliquera qu'en septembre 2022", alors c'est "dès le mois de juillet que les salariés précaires vont subir une baisse de leurs allocations". Il souligne par ailleurs qu'en septembre 2022, "entre temps aura eu lieu une élection présidentielle. Que deviendra le bonus-malus à ce moment-là ? Je demande à voir."

Yves Veyrier ajoute que Force ouvrière "n'exclut pas de retourner devant le Conseil d'Etat sur cette modification du calcul du SJR", salaire journalier de référence, "parce qu'on va générer une inégalité de droits". Il rappelle qu'avec les autres centrales syndicales, FO avait demandé que soit maintenues "les dispositions, qui avaient été négociées et qui auraient été en vigueur si le gouvernement ne s'était pas engagé dans la réforme de l'assurance chômage, tout au long de l'année 2021, et qu'on attende de voir ce que va devenir la situation économique à la sortie de cette crise sanitaire".

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