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Le chômage a-t-il vraiment baissé au mois d'août ?

DECRYPTAGE | Le gouvernement a annoncé mercredi, avec prudence, une baisse du nombre de chômeurs en France au mois d'août. Une première depuis avril 2011. Mais parallèlement, près de 80.000 demandeurs ont été rayés des listes de Pôle emploi pour "défaut d'actualisation". Peut-on dès lors réellement parler de baisse du chômage ?
Article rédigé par Matthieu Mondoloni
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
  (Christian Lantenois Maxppp)

Il n'avait pas baissé depuis plus de deux ans : le nombre d'inscrits à Pôle emploi a fortement reculé en août, où 50.000 demandeurs d'emploi sans activité sont sortis des listes. Mais l'exécutif s'est gardé mercredi de crier victoire, jugeant prématuré de parler d'inversion de la courbe du chômage.

Et pour cause : si certains chiffres confirment une tendance à la baisse, d'autres laissent plus perplexe.

Baisse du nombre de chômeurs de catégorie A

On appelle les chômeurs de catégorie A, les demandeurs d'emploi qui n'ont pas du tout travaillé dans le mois. Selon les chiffres publiés par le ministère de l'Emploi, c'est dans cette catégorie que l'on retrouve les 50.000 demandeurs d'emploi en moins sur le mois d'août.

Un chiffre qui passe à 62.700 si l'on ajoute les chômeurs qui ont partiellement travaillé dans le mois (soit les catégories B et C). Il y a donc une baisse significative du nombre de demandeurs d'emplois. **Baisse du chômage chez les jeunes** La baisse du chômage est particulièrement visible chez les jeunes (- de 25 ans). En catégorie A toujours, la diminution est de -3,6% au mois d'août. Cela marque un quatrième mois consécutif de reflux chez les moins de 25 ans, ce qui fait dire à Michel Sapin que, pour les jeunes, "*l'inversion de la courbe est déjà une réalité* ". Un résultat positif selon le gouvernement qui y voit l'effet de sa politique notamment sur les emplois d'avenir ou les emplois aidés.   **Diminution des nouvelles inscriptions** L'amélioration en août est aussi imputable à une forte diminution des nouvelles inscriptions (-9,4%), suite à des fins de CDD par exemple, signe, selon le ministre du Travail, que c'est "*dans tous le tissu économique que la situation s'améliore* ". Pour Philippe Waechter, économiste chez Natixis, "*il y a sûrement des effets liés à la reprise de l'activité mais la majeure partie vient des mesures de gestion des inscrits à Pôle emploi* ". "*A ce rythme d'accélération des sorties * (des listes de Pôle emploi)* le pari sera gagné à la fin de l'année* ", dit-il. **Stabilisation du chômage des plus de 50 ans** C'est la première fois depuis cinq ans que le chômage des seniors se stabilise. En catégorie A, le nombre n'a quasiment pas augmenté au mois d'août. **Plus de chômeurs longue durée** C'est le premier bémol des chiffres communiqués mercredi: le nombre des demandeurs d'emploi inscrits depuis plus de trois ans augmente encore (+1%). Ils étaient plus de 560.000 au mois d'août ** ** ****277.500 personnes rayées des listes Pôle emploi** ** La baisse d'août, d'une ampleur inégalée depuis près de 13 ans pour la catégorie A (sans aucune activité), s'explique aussi par une véritable explosion des "cessations d'inscriptions pour défaut d'actualisation". A la fin de l'été, un grand nombre de personnes (77.500 de plus qu'en juillet, soit une hausse de 38,8%) ont en effet disparu des listes faute d'avoir informé Pôle emploi, comme il y sont obligés, de l'évolution de leur situation. Or depuis plusieurs années, ce chiffre tourne autour des 200.000. Même le ministère parle de cette hausse soudaine comme d'un phénomène "d'une ampleur exceptionnelle". Comment l'expliquer ? Août, mois de vacances, peut sembler propice à un oubli de la part des demandeurs d'emploi. Pourtant, aucun autre mois de congés n'a vu une telle explosion des radiations pour défaut d'actualisation. La possibilité d'une défaillance du site Internet de Pôle emploi pourrait également expliquer une impossibilité pour certains demandeurs de s'actualiser. C'est ce que laisse à penser un message posté sur le compte Twitter de Pôle emploi fin août, [publié sur son blog](http://emploi.blog.lemonde.fr/2013/09/25/le-chomage-a-fortement-baisse-en-aout/?fb_action_ids=10151605266781408&fb_action_types=og.recommends&fb_source=other_multiline&action_object_map=%7B%2210151605266781408%22%3A466177006822439%7D&action_type_map=%7B%2210151605266781408%22%3A%22og.recommends%22%7D&action_ref_map=%5B%5D) par le journaliste du Monde Jean-Baptiste Chastand. Mais soucieux de dissiper les soupçons, le ministère du Travail précise qu'"*aucun incident dans le système d'information de Pôle emploi* " ou "*changement dans les modalités d'actualisation (...)* " "*n'a pu être identifié pour expliquer cette hausse exceptionnelle* ". **Attendre les chiffres de septembre** Quoiqu'il en soit, il est trop tôt pour parler d'une tendance ou d'une inversion de la courbe du chômage. Trop de paramètres amènent à tempérer les propos des plus optimistes. Le gouvernement lui-même se garde de crier victoire. "*C'est un bon chiffre* ", s'est réjoui le ministre du Travail Michel Sapin sur RTL, tout en s'empressant d'ajouter : "*Je ne dirai pas que c'est l'inversion de la courbe du chômage* ", promise par le chef de l'Etat pour la fin de l'année. "*L'inversion de la courbe du chômage, ce sont plusieurs mois d'affilée* ", a-t-il insisté. Rendez-vous est pris fin octobre.

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