Que signifie la petite phrase de Hollande sur le chômage en 2017 ?
En pleine affaire Aquilino Morelle et face à l'activisme de Manuel Valls, le chef de l'Etat prend date... au cas où la situation économique s'améliore.
"Si le chômage ne baisse pas d'ici à 2017, je n'ai, ou aucune raison d'être candidat, ou aucune chance d'être réélu." En déplacement à Clermont-Ferrand, vendredi 18 avril, François Hollande a lâché cette surprenante phrase, au cours d'un déjeuner avec des dirigeants et des salariés de Michelin. Moment d'absence ou petite "bombe" savemment distillée ? Comment interpréter cette sortie pour le moins surprenante ?
Un contre-feu à l'affaire Aquilino Morelle
Le déplacement du chef de l'Etat à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) était censé illustrer son retour sur le terrain, à la rencontre des Français, après des élections municipales calamiteuses et un changement de gouvernement. Las. L'affaire Aquilino Morelle, dévoilée la veille par Mediapart, a totalement battu en brèche ce joli scénario.
A Clermont-Ferrand, les questions des journalistes se focalisaient sur le sort du conseiller du chef de l'Etat, accusé de conflit d'intérêts par Mediapart. Les reporters présents sur place se sont d'ailleurs fait traiter d'"emmerdeurs", de façon plus ou moins humoristique, par Arnaud Montebourg.
La sortie du chef de l'Etat sur le chômage, quelques heures plus tard, aura au moins eu le mérite de détourner temporairement l'attention des médias, et de ramener les projecteurs sur le thème de son déplacement : la lutte contre le chômage.
Une façon de reprendre la main face à Manuel Valls
Alors que plus de 40 points de popularité séparent les deux têtes de l'exécutif, François Hollande se devait de réagir. Pour certains, la phrase de François Hollande, au plus bas dans les sondages, signe un aveu de faiblesse et entrouvre la porte à une non-candidature en 2017.
Mais à un moment où certains, dans la majorité, prônent l'organisation d'une primaire en 2017, y compris si François Hollande se représente, le président veut montrer qu'il sera le seul à juger de sa capacité ou non à gagner une nouvelle fois le vote des Français. "Cette phrase montre une chose, c'est que Hollande ne pense qu'à un seul truc : 2017", tacle l'ancien ministre UMP Benoist Apparu dans Le Parisien.
Face à l'activisme de Manuel Valls, François Hollande doit impérativement se remettre au centre du jeu s'il veut avoir une chance d'être réélu en 2017. Et en cas de victoire sur le front de l'emploi, il devra faire en sorte d'en récolter les fruits politiques que son Premier ministre ne manquera pas, lui aussi, de vouloir récupérer. Avec cette phrase, François Hollande prend date.
Une promesse qui ne coûte pas grand-chose
De l'avis des économistes, François Hollande n'a pas pris un gros risque en liant une candidature en 2017 à une baisse du chômage. "Le pari est beaucoup moins risqué que celui d'inverser la courbe du chômage d'ici la fin de l'année 2013", explique Xavier Timbeau, de l'OFCE, à l'AFP. Selon Stefano Scarpetta, de l'OCDE, les réformes structurelles et la croissance économique qui "semble se confirmer" en Europe pourraient "créer un environnement favorable".
L'histoire montre par ailleurs que les engagements de ce type ne valent qu'à un moment donné et doivent être reconsidérés au moment de dresser un bilan. En 2007, Nicolas Sarkozy s'était engagé à ramener le taux de chômage à 5% à l'issue de son quinquennat. "Et si vous n'y arrivez pas ?, avait demandé la journaliste Arlette Chabot lors d'une interview télévisée. Alors je dis 'c'est un échec, j'ai échoué et c'est aux Français d'en tirer les conséquences", avait répondu Nicolas Sarkozy.
Cinq ans plus tard, la promesse était loin d'être tenue, ce qui n'a pas empêché Nicolas Sarkozy de se présenter et de nuancer sa responsabilité en invoquant la crise économique mondiale.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.