Les maîtres-chiens d'avalanche prêts pour accueillir les premiers skieurs
Après un début de saison difficile en raison du manque de neige, les flocons sont annoncés pour le début de séjour des vacanciers de la zone B. Tous les professionnels de la montagne sont à pied d'œuvre, et notamment les secouristes. Cette semaine en Haute-Savoie, les maîtres-chiens d'avalanche étaient en exercice au Grand Bornan.
Sur le secteur du Maroly, entre deux pistes, une avalanche vient de se produire. Elle est fictive, mais pour jouer l'exercice en grandeur réelle, un engin de damage a creusé de véritables trous, dans lesquels de vraies victimes s'enfouissent, comme Yann. Vêtu d'une chaude combinaison rouge, il s'apprête à regagner son trou. Un petit boudin en tissu à la main, il reçoit les dernières consignes de Ludo l'un des maîtres-chiens.
"C'est une vraie récompense pour le chien de trouver sa victime"
— Jean-Michel, maître-chien d'avalanche à Samoens
Heureusement, tout se passe bien, Yann n'a pas à attendre trop longtemps dans son trou. Google, le berger allemand de Jean-Michel, maître-chien à Samoëns, l'a reniflé. Sonde en main, Jean-Michel encourage son chien à creuser puis, avec sa pelle, il l'aide à sortir la "victime". "C'est une vraie récompense pour lui de trouver sa victime" .
Pendant des heures, une dizaine de chiens et leurs maîtres multiplient les exercices, avec des scénarios au plus proche de la réalité comme l'explique Ludo Doffe, le maître-chien du Grand Bornand : "Il se peut que, parfois, dans des conditions réelles, des gens encordés se fassent piéger dans une avalanche. On essaie alors de recréer quelque chose qui ressemble à ça. On essaie vraiment de les mettre dans des conditions les plus proches possibles de ce qui peut se passer en réalité".
La passion du métier
Ce qui est frappant chez la dizaine de maîtres-chiens présents lors de l'exercice, c'est leur passion pour leur métier. L'animal fait totalement partie de leur vie, il faut l'entraîner été comme hiver. Ensuite, il devient opérationnel pour une durée de sept à huit ans.
Des exercices comme celui du Grand Bornand, ils en réalisent un par mois durant la saison hivernale. A l'association nationale d'études de la neige et des avalanches (Anena), c'est Joris Charlemagne, moniteur, qui supervise les opérations. Il est en charge de la validation des capacités des chiens. "On juge de son efficacité, son engagement, son intérêt à la recherche, sa concentration, indispensable à cette fonction. Ce n'est pas une histoire de chronomètre, on ne se base pas sur le timing".
Il faut bien souvent agir vite, et être prêt à partir à tout moment, dès que le bip sonne. Ludovic, le maître-chien du Grand Bornand est intervenu par exemple sur l'avalanche du samedi 30 janvier à la Clusaz, où un skieur de randonnée a trouvé la mort, en hors piste. "On n'est pas beaucoup, alors on sait très bien qu'on est susceptible d'être appelé en intervention rapidement. Il faut au minimum deux chiens pour intervenir."
Prudence comme mot d'ordre
Alors, en ce début de vacances, les secouristes appellent une nouvelle fois à la prudence. Ils conseillent aux adeptes du ski de randonnée, toujours plus nombreux, de bien s'équiper d'un DVA, détecteur de victime d'avalanche, d'une sonde et d'une pelle.
Il faut aussi savoir renoncer si les conditions sont dangereuses, insiste Joris Charlemagne, le moniteur de l'Anena : "C'est très difficile, par une journée de ciel bleu, avec un beau soleil et une belle neige, de se dire non je n'y vais pas. Surtout dans un milieu où l'on est dans la consommation, on veut tout tout de suite. On n'est pas sur un terrain de tennis, ou dans un stade." La saison dernière, 45 personnes sont mortes dans des avalanches en France.
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