Abattoir de Rodez : "Il y a des manquements graves du côté des services de contrôles du ministère de l'Agriculture", accuse l'association L214
L'association a diffusé une vidéo dénonçant les conditions d'élevage et d'abattage des agneaux dans la filière Roquefort. "Ça fait quatre ans qu'un rapport avait été produit par les services vétérinaires et avaient constaté les mêmes choses", déplore Sébastien Arsac, porte-parole de L214.
"S'il y a des manquements graves de la part de l'abattoir, il y a aussi des manquements graves du côté des services de contrôle du ministère de l'Agriculture", a estimé, mercredi 24 juin sur franceinfo, Sébastien Arsac, cofondateur et porte-parole de l'association de protection animale L214. Celle-ci porte plainte pour "sévices graves" contre un abattoir près de Rodez (Aveyron) travaillant pour la filière de production de Roquefort.
Après la diffusion d’une vidéo par L214, le ministère de l'Agriculture a suspendu l'agrément pour la chaîne ovine de l’abattoir Arcadie Sud-Ouest. "C'est une bonne nouvelle", a ajouté Sébastien Arsac, mais "on attend des actes", car "on pense que c'est le suivi des contrôles qui laisse à désirer. Ce n'est pas la première fois en France que les services de l'Etat sont pointés du doigt".
franceinfo : La suspension de l'agrément de la chaîne ovine de l'abattoir Arcadie Sud-Ouest par le ministère de l'Agriculture est-elle une bonne nouvelle ?
Sébastien Arsac : C'est une bonne nouvelle de voir que le ministère de l'Agriculture a pris cette mesure. Il constate effectivement qu'il y a eu des manquements graves. Le problème, c'est que ça fait quatre ans qu'un rapport avait été produit par les services vétérinaires et avaient constaté les mêmes choses que l'on voit sur les images. S'il y a des manquements graves de la part de l'abattoir, il y a aussi des manquements graves du côté des services de contrôle du ministère de l'Agriculture. On attend des actes. Le constat avait été fait qu'il y avait des manquements graves, une déficience majeure même au niveau de l'abattage des animaux, qui est le cœur de l'abattoir. On pense que c'est le suivi des contrôles qui laisse à désirer.
Ce n'est pas la première fois en France que les services de l'Etat sont pointés du doigt. Il faut qu'il y ait une exposition médiatique, une exposition publique pour qu'il y ait une réaction.
Sébastien Arsac, porte-parole de L214à franceinfo
Si on n'avait pas eu ces images, demain on aurait continué à abattre les agneaux dans cette souffrance, cette violence à l'abattoir d'Arcadie Sud-Ouest.
Avez-vous le sentiment que votre association se substitue à l'Etat dans la protection des animaux ?
On fait ce qu'on peut, mais il y a une opacité qui est tellement forte, car il est à peu près impossible de rentrer dans un abattoir et d'aller filmer ce qui s'y passe et quand on peut lever un petit voile de cette réalité, des pratiques routinières d'abattage des animaux, on est effectivement choqués. On ne se rend pas compte que, dans les abattoirs, qui sont des lieux de violence inhérente pour les animaux, on est loin de l'image d'Epinal, de ce que nous vendent le ministère de l'Agriculture et des filières, qui parlent d'une viande heureuse d'animaux qui auraient bien vécu et qui seraient morts dans de bonnes conditions. Notre travail, c'est un travail de lanceur d'alerte. Ce qui est important, c'est de voir comment sont élevés et tués les animaux et c'est d'abord ce travail d'information qu'on veut faire.
Ce qu'on cherche avec l'association, c'est de relever le standard des pratiques industrielles et aussi de poser la question de notre rapport aux animaux.
Sébastien Arsacà franceinfo
Qu'est-ce que vous avez voulu montrer avec cette enquête ?
Ce qu'on veut montrer avec cette enquête, c'est que les brebis ne produisent pas du lait spontanément. Pour provoquer la lactation, il faut faire naître des agneaux et que, jusqu'ici dans le cahier des charges de la production de Roquefort, il n'y a aucune mention qui est faite sur le sort de ces agneaux. Effectivement il y a une obligation de pâturages et de sortie pour les brebis et pas pour les agneaux. Il y a un encadrement qui n'est pas fait au niveau de Roquefort. Il y a une responsabilité qu'il faut prendre en compte au niveau de la filière et au niveau du gouvernement, et des consommateurs. Les agneaux font partie de la production de Roquefort, car sans agneau, pas de Roquefort. Là, on n'a aucune exigence.
La plupart des agneaux sont élevés dans ces élevages intensifs sans jamais avoir accès à l'extérieur et, à quatre mois, ils sont renvoyés à l'abattoir et abattus dans de grandes souffrances.
Sébastien Arsac, porte-parole de L214à franceinfo
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