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Production du roquefort : l'association L214 porte plainte pour "sévices graves" contre un abattoir près de Rodez

L'association L214 publie mercredi 24 juin une nouvelle vidéo intitulée "La face cachée du roquefort" avec des images tournées dans un élevage et dans l'abattoir Arcadie Sud-Ouest. Le ministre de l'Agriculture ordonne la suspension immédiate de sa chaîne ovine.

Article rédigé par franceinfo
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L'association L214 diffuse mardi 24 juin une vidéo intitulée "La face cachée du Roquefort : enquête" (VIDÉO L214 - CAPTURE D’ÉCRAN)

L'association L214 annonce qu'elle porte plainte pour "sévices graves" contre l'abattoir Arcadie Sud-Ouest, indique-t-elle mercredi 23 juin dans un communiqué. Cet abattoir, situé près de Rodez, dans l'Aveyron, a déjà "été épinglé par les services vétérinaires il y a quatre ans" pour l’étourdissement et la mise à mort des ovins, d'après l'association et n'aurait pas modifié ses pratiques depuis.

Des images d'agneaux malades ou qui agonisent

L214 publie un montage vidéo, avec des images tournées en février dernier dans "l’un des plus gros élevages où sont engraissés 120 000 agneaux par an, ainsi que dans un abattoir industriel où ils sont abattus". Ces deux structures aveyronnaises sont impliquées dans la filière de production du roquefort, produit à partir du lait de brebis. Les trois quarts des agneaux de cette filière "sont envoyés dans des élevages intensifs pour y être engraissés, puis transportés à l’abattoir", explique l'association.

Dans la vidéo intitulée "La face cachée du roquefort", on voit des images tournées dans la SARL Grimal située à Rullac-Saint-Cirq, d'après l'association L214. Elles "montrent des milliers d’agneaux entassés sans accès à l’extérieur. De nombreux agneaux sont malades, certains agonisent pendant des heures sans recevoir de soins. Des bacs d’équarrissage sont remplis d’animaux morts."

Les mauvaises pratiques et les cadences infernales entraînent la saignée et l’accrochage d’agneaux encore totalement conscients

L'association L214

communiqué de presse

Les agneaux engraissés sont ensuite envoyés à l'abattoir d’Arcadie Sud-Ouest, explique la vidéo. "Les pratiques d'abattage sont totalement défaillantes. Les agneaux sont égorgés à vif (abattage rituel) ou, théoriquement, étourdis avant d’être saignés. L’étourdissement des agneaux se fait par électrocution, mais les mauvaises pratiques et les cadences infernales entraînent la saignée et l’accrochage d’agneaux encore totalement conscients. Dans un rapport édifiant de 2016, les services vétérinaires avaient déjà constaté des 'non-conformités majeures' pour l’étourdissement et la mise à mort des ovins dans cet abattoir."

L'association demande la fermeture d'urgence de l'abattoir

En plus de sa plainte déposée auprès du procureur de la République de Rodez, L214 réclame "la fermeture d’urgence de l’abattoir, qui présente de graves problèmes structurels et des pratiques d’abattage grandement déficientes". Par ailleurs, l'association demande à la Confédération générale des producteurs de lait de brebis et des industriels de roquefort la modification du cahier des charges de l'appellation d'origine 'roquefort' afin qu'il soit "interdit d’enfermer les agneaux toute leur vie dans des bâtiments fermés sans accès au pâturage". Pour les militants, "l’abattage sans étourdissement (des agneaux et des brebis) devrait être prohibé".

Pour le porte-parole de l’association L214, Sébastien Arsac, "la filière passe sous silence le sort des agneaux qui sont engraissés dans des élevages intensifs. La production de lait et des produits laitiers sont, tout comme celle de viande, à l’origine de grandes souffrances et de la mise à mort préméditée de millions d’animaux chaque année", indique le communiqué.

La chaîne ovine de l'abattoir suspendue sur ordre du ministère

À la suite de la diffusion des images de L214, le  ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Didier Guillaume, a demandé mercredi au Préfet de l’Aveyron la suspension immédiate de l’agrément de la chaîne ovine de cet abattoir. Cette vidéo "montre des pratiques inacceptables avec des manquements graves aux règles de protection animale", indique le ministère dans un communiqué.

"Une inspection complète de l’abattoir est programmée ce jour par les services de l’État. Les conclusions de cette inspection devront permettre de déterminer quelles suites doivent être données", conclut-il.

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