Agriculture : la fin des néonicotinoïdes
Les apiculteurs soufflent un peu avec l'interdiction des néonicotinoïdes. Les agriculteurs doivent faire sans cet insecticide réputé tueur d'abeilles.
À une heure de Paris, dans l'Eure, Alexandre Quillet cultive une plante sucrière depuis 36 ans et lutte contre la jaunisse sur ses plantations. Jusqu'ici, sa parade se composait de petites graines de betteraves entourées d'imidaclopride, un insecticide de la famille des néonicotinoïdes. Désormais, ce produit et quatre autres substances (Acétamipride, Clothianidine, Thiamétoxame et Thiaclopride) sont interdits. Outre les insectes ravageurs, ces neurotoxiques déciment aussi les abeilles. Après deux années d'étude, l'agence sanitaire a publié son rapport : sur 130 usages de néonicotinoïdes étudiés, 78% ont au moins une solution non chimique.
Une transition possible, mais difficile
Raoul Leturcq, dans l'Oise, est parvenu à se passer totalement de néonicotinoïdes, mais au prix d'un changement radical de pratique et, avant d'atteindre l'équilibre, trois années de vaches maigres. Il cumule trois techniques : recul des dates de semis, plantation de haies, de bandes herbées et d'une parcelle d'une vingtaine d'espèces. L'objectif est de favoriser la biodiversité pour protéger les cultures voisines. Dans huit cas, l'alternative est chimique : en clair, autoriser un insecticide autorisé, mais cette solution ne serait pas efficace selon les betteraviers. La filière estime ses pertes entre 12 et 50% dès 2019. Selon un expert, après une période de transition, l'interdiction des néonicotinoïdes ne signifie pas forcément une baisse de rendement. Dans 6 cas, il n'y aurait aucune solution pour lutter notamment contre les mouches sur les maïs.
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