Bioraffinerie de la Mède : "Dans six mois, Total verra le site fermé" pour ne pas avoir fait "l'effort de reconversion", estime l'association Canopée
Le projet, qui démarre avec un an de retard, est très critiqué par les agriculteurs et les associations de défense de l'environnement.
La raffinerie de biocarburants de Total à La Mède (Bouches-du-Rhône), l'une des plus grandes d'Europe, a démarré sa production dans la nuit de lundi à mardi 2 juillet. Selon le groupe pétrolier, le site fonctionnera pour moitié sur la transformation d'huile de palme. "Dans six mois, Total verra le site fermé, parce qu'ils n'ont pas fait l'effort de reconversion", a affirmé mercredi 3 juillet sur franceinfo Sylvain Angerand, le président de l'association Canopée et porte-parole de la fédération des Amis de la Terre.
franceinfo : Pour vous, cette raffinerie est un non-sens écologique ?
Sylvain Angerand : Oui. Total va fonctionner massivement à l'huile de palme. Contrairement à ce que prétend Total, mettre de l'huile de palme dans les carburants, c'est trois fois pire en termes d'émissions de CO2, car il y a énormément d'émissions qui sont cachées, qui sont liées à la déforestation, à la destruction des tourbières en Indonésie et en Malaisie.
Le problème n'est donc pas uniquement sur le site, mais dans la manière dont est récupéré tout ce qui permet au site de fonctionner ?
Il y a de nombreux problèmes sur ce site. On ne va pas les minorer. Il y a des problèmes avec les riverains, et des problèmes de transparence. On ne sait toujours pas ce que va mettre Total dans cette raffinerie. Total déclare utiliser 30 à 40% d'huiles usagées. On aimerait avoir le plan d'approvisionnement, mais il n'est pas public. Total nous parle d'une "autolimitation" à 300 000 tonnes d'huile de palme. C'est 300 000 tonnes de trop. Mais on a eu une réunion avec eux. On leur a fait avouer que c'était plutôt 450 000 tonnes. Le plus grave, c'est que Total se donne le beau rôle en disant qu'ils sauvent des emplois. Mais en réalité, ils sont en train de condamner le site. Car dans six mois, l'huile de palme sera exclue de la liste des biocarburants. Dans six mois, Total verra le site fermé parce qu'ils n'ont pas fait l'effort de reconversion, et n'ont pas suivi les alertes que l'on fait depuis des années.
Est-ce que c'était mieux avant, quand La Mède était un site d'hydrocarbures ?
Non. Clairement, il faut sortir des hydrocarbures. Cela fait quatre ans qu'on est sur ce dossier et qu'on dit à Total, la solution, ce n'est pas de l'huile de palme. Il faut imaginer autre chose. Il faut raisonner différemment. Il faut aller chercher la reconversion sur l'hydrogène, sur tout un tas de projets différents. S'entêter sur l'huile de palme, c'est condamner le site. Ce n'est pas une énergie de l'avenir. Total s'entête contre les associations et contre les syndicats. Les députés ont voté la fin de l'huile de palme dans les carburants à compter du 1er janvier 2020, Total avait un an pour revoir son projet. Total ne fait rien, s'entête. Ils continuent à dire qu'ils vont changer la loi plutôt que de changer ce projet. On conteste le fait que Total a le sentiment d'impunité et se sent au-dessus des lois. Dans six mois, l'huile de palme n'est plus un biocarburant. Mais on sera là, dans les mois qui viennent, pour faire en sorte que la loi soit respectée par tout le monde, en particulier par Total.
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