Blocage des raffineries : "Nous ne voulons pas importer de l'étranger des choses qu'on ne s'autorise pas à produire en France"
Le président de la Fédération des producteurs d’oléagineux et de protéagineux, Arnaud Rousseau, invité dimanche sur franceinfo, a notamment réclamé de la "cohérence" dans la politique agricole du gouvernement alors que Total prévoit d'importer 300 000 tonnes d'huile de palme de Malaisie et d'Indonésie pour produire du bio-carburant.
Arnaud Rousseau, président de la fédération des producteurs d’oléagineux et de protéagineux (FOP), a réclamé dimanche 10 juin sur franceinfo de la "cohérence" dans la politique agricole du gouvernement. La FNSEA a appelé au blocage de treize raffineries et dépôts de carburant d'ici lundi pour dénoncer le "double langage du gouvernement". Le syndicat agricole lui reproche d'imposer de plus en plus de normes et de contraintes aux agriculteurs français tout en autorisant l'importation de denrées qui ne répondent pas à ses normes. Arnaud Rousseau ne veut "pas importer de l'étranger des choses qu'on ne s'autorise pas à produire en France et en Europe" car, selon lui, on risque de "déstabiliser les productions".
Total prévoit d'importer 300 000 tonnes d'huile de palme de Malaisie et d'Indonésie pour produire du bio-carburant. Comment résistez-vous à cette concurrence ?
Une tonne d'huile de colza vaut 15% plus cher qu'une tonne d'huile de palme. Nous ne sommes pas en capacité d'être compétitifs d'un point de vue du prix. Il est logique que Total aille au meilleur prix. En revanche, nous avons compris dans le cadre des États généraux de l'alimentation que les Français réclamaient finalement un cadre de production, une durabilité plus importante. Nous dénonçons le cadre de la compétitivité dans lequel nous nous battons avec nos armes et de l'autre l'incapacité que nous aurons à répondre aux mêmes standards de production. La finalité de l'huile de palme, ce n'est pas l'huile de palme en soit, c'est la question de la durabilité. Ou on veut une agriculture française et européenne et nous montons en gamme ou nous importerons une agriculture dont on ne veut pas en France.
Le Parlement européen s'était prononcé pour la disparition progressive de l'huile de palme dans les biocarburants d'ici 2021. La France hésite encore. Qu'attendez-vous du gouvernement ?
Nous souhaitons une forme de cohérence. C'est un sujet européen. Face aux grandes tensions du moment avec les décisions du président Trump, on voit bien qu'en ce moment les questions de libre-échange et de positionnement sont extrêmement importantes. Nous souhaitons que l'Europe affirme son volontarisme sur la manière dont elle entend développer son agriculture. La question du palme, ce n'est pas la question de l'huile, mais c'est le sujet du modèle de la durabilité et de la déforestation importée. Est-ce que l'Europe dans sa vision politique et stratégique veut porter une ambition qui est celle des Etats généraux et qui nous va bien. On monte en gamme, on est plus vertueux, on tire les modèles vers le haut, mais sans nous exposer dans une compétition mondiale.
Le double langage du gouvernement pourrait-il déstabiliser les filières agricoles ?
Sur la viande bovine avec la concurrence de la viande argentine ou du Brésil qui n'ont pas nos standards de production, qui utilisent des produits que nous ne sommes pas autorisés à utiliser en Europe, avec les cerises qui arrivent de Turquie avec des produits qui sont interdits en Europe, avec l'huile de palme qui encore une fois sur des standards de durabilité et de déforestation ne sont pas les nôtres, évidemment on va déstabiliser les productions. Il faut qu'on soit cohérents (...) notre demande est assez simple et facile à comprendre pour nos consommateurs. Nous ne voulons pas importer de l'étranger des choses qu'on ne s'autorise pas à produire en France et en Europe.
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