Catherine Bernard, une vigneronne atypique
"Un jour, je cultiverai la terre."
Cette idée dans un coin de la tête, Catherine Bernard débute sa carrière de journaliste. À l'approche de la quarantaine, quelque vingt années plus tard, le changement de voie professionnelle s'amorce. "J'ai aimé exercer ce métier. Je travaillais et voyageais beaucoup. Mais je ne me voyais pas faire la même chose toute ma vie", révèle-t-elle.Installée à Montpellier, en terre du Languedoc, le vin est la culture qui s'impose alors naturellement. L'idée mûrit tandis qu'elle travaille chaque vendredi durant une année chez un vigneron, qui va l'encourager à se lancer.Elle obtient un Brevet professionnel agricole option viticulture-?nologie à la fin de l'année 2004. Mais le véritable apprentissage se fera sur le terrain, lorsqu'elle acquiert l'année suivante quelques parcelles d'un vignoble à Saint-Drézéry, un village dans l'agglomération montpelliéraine. Au total 3 hectares dont un planté : elle souhaite commencer par une exploitation à taille humaine.
Dépasser les obstacles
De la taille à la vinification, Catherine Bernard est sur tous les fronts. "Cela me paraissait important pour comprendre ce que je fais. Quand je taille, par exemple, je vois comment la vigne répond ou s'il y a des maladies", explique-t-elle.Et parce qu'elle revendique une certaine manière d'envisager la terre et son exploitation, elle choisit de produire bio.Par conséquent, les produits traitant pour ses vignes sont limités au soufre et au cuivre. "Mon objectif, c'est d'en utiliser le moins possible", précise-t-elle. Elle teste ainsi d'autres produits comme le lait ou les orties. "Ceux à qui on a transmis et appris les gestes ne tâtonnent pas. Ce n'est pas mon cas, mais cela me procure plus de liberté", assure-t-elle.Elle prend aussi conscience des limites d'être une femme car le travail est difficile physiquement. "Mais je ne le vois pas comme un obstacle. Je fais les choses autrement, tout simplement. J'opte pour des petites caissettes de transport pour les vendanges, par exemple". Autre choix : la viticultrice ne possède pas de cave pour la vinification. Alors elle partage, depuis 2008, celle d'une autre vigneronne, ancienne pharmacienne, après avoir déménagé ses cuves quelques années de suite. Avantage de la pratique : "Nous partageons les dépenses pour acquérir de gros équipements, comme un pressoir ou des cuves", souligne Catherine Bernard.
Les fruits du travail et de l'expérience
De l'eau a coulé sous les ponts depuis l'installation de la quadragénaire, qui a été accueillie plutôt fraîchement. Il faut dire qu'elle cumulait les "handicaps" : elle est une femme, n'a pas de racines dans la région, n'est pas issue d'une famille d'agriculteurs? "Je m'y attendais. Le monde rural est excluant, mais ce n'est pas une spécificité languedocienne", convient l'exploitante.
Mais elle va aussi découvrir l'entraide et y avoir recours. Cette pratique ancienne, encadrée aujourd'hui, consiste en un échange de bons procédés ou de services. Aujourd'hui, elle récolte les fruits de son travail et de l'expérience. Son vin se vend bien en France et à l'export. Son dernier millésime s'est même écoulé assez rapidement cette année, au point d'en manquer. "L'idée que des personnes dégustent mon vin à l'étranger, comme au Japon, me plaît beaucoup ! Cela représente le loin et l'intime à la fois", confie Catherine Bernard.
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