Chlordécone : deux associations lancent aux Antillais un appel à rejoindre une action collective contre l’Etat
Plus de 90% de la population adulte en Guadeloupe et en Martinique est contaminée par le chlordécone selon Santé publique France.
Le Conseil représentatif des associations noires (CRAN) et l’association Vivre se mobilisent pour lancer une action collective contre l’Etat dans le dossier du chlordécone, et invitent tous les Antillais qui le souhaitent à rejoindre cet action collective, a appris franceinfo jeudi 12 septembre. Les deux associations estiment que la France a une part de responsabilité prépondérante dans le scandale sanitaire du chlordécone aux Antilles.
Une commission d'enquête parlementaire a déjà vu le jour en juin 2019 sur ce sujet, mais le CRAN et l'association Vivre veulent "passer à la vitesse supérieure". Les habitants de Guadeloupe et de Martinique peuvent s’inscrire sur un site internet spécialement ouvert à cette occasion : www.chlordecone.mySMARTcab.fr.
Préjudice d'anxiété
Il ne s’agit pas d’une action pénale mais administrative, a précisé à franceinfo l’avocat des associations, maître Christophe Leguevaques. "C’est le préjudice d’anxiété qui est visé, a-t-il expliqué, sur le même modèle que le scandale de l’amiante. Il n’est pas nécessaire d’être malade pour participer à cette action collective, cela concerne les personnes qui ont été exposées au chlordécone et qui craignent de tomber un jour malade."
Ce pesticide toxique pour l’homme a été utilisé entre 1972 et 1993 pour combattre un insecte dévastant les bananeraies antillaises. Or, sa dangerosité avait été dénoncée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dès la fin des années 70. Selon Santé publique France, plus de 90% de la population adulte en Guadeloupe et en Martinique est contaminée par le chlordécone.
Persistance dans les sols jusqu'à sept siècles
Des associations et la confédération paysanne ont déposé une plainte contre X, en 2006, pour "mise en danger d'autrui et administration de substances nuisibles" après la révélation de premières alertes sur les taux de contamination des sols. Cette plainte est toujours en cours d'instruction.
La persistance du chlordécone dans les sols - jusqu'à sept siècles - et le risque de contamination des aliments ont justifié l'adoption depuis 2008 de plusieurs "plans chlordécone" pour évaluer la pollution et protéger la population.
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