Colère des agriculteurs : des blocages toujours en cours autour de Toulouse, d'autres rassemblements ailleurs en France

Après des rencontres avec les préfets durant le week-end, et avant un rendez-vous avec Gabriel Attal, les agriculteurs poursuivent leur mobilisation lundi.
Article rédigé par franceinfo, Willy Moreau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des agriculteurs ont installé un camp de fortune pour bloquer l'autoroute A64, au sud de Toulouse (Haute-Garonne), le 22 janvier 2024. (VALENTINE CHAPUIS / AFP)

Le nuage de fumée se voit à plusieurs centaines de mètres de distance. Après des rencontres avec les préfets durant le week-end, les agriculteurs poursuivent leur mobilisation lundi 22 janvier avec des actions qui s'étendent. En Haute-Garonne, une portion de l'autoroute A64 est toujours bloquée au niveau de Carbonne, entre Toulouse et Saint-Gaudens. Les agriculteurs dénoncent des charges financières trop lourdes et des normes environnementales jugées trop contraignantes.

Une dizaine d'agriculteurs ont dormi sur place pour la quatrième nuit consécutive, a constaté le journaliste de Radio France présent sur place. Le mur de bottes de paille qui bloquait la route a par ailleurs été incendié au petit matin, les agriculteurs évoquent "un acte malveillant" et se disent "d'autant plus déterminés".

Sur l'A64, à hauteur de Carbonne (Haute-Garonne), le mur de bottes de paille qui bloquait la route a été incendié dans la nuit de dimanche à lundi 22 janvier 2024. (WILLY MOREAU / FRANCEINFO)

Toujours sur l'A64, un blocage est aussi maintenu dans les Hautes-Pyrénées au niveau de Tarbes, rapporte France Bleu Occitanie. L'autoroute A62 à l'ouest de Montauban, est aussi bloquée dans le Tarn-et-Garonne. Et, selon la préfecture, "des ralentissements sont en cours" sur l'A20, proche également de Montauban, "dans les deux sens de circulation". Dans le Gers, la RN124, qui relie Toulouse à Auch est toujours bloquée au niveau de Pujaudran, à l'ouest de Toulouse, selon France Bleu

La mobilisation s'étend aussi à d'autres régions du pays. Dans les Pyrénées-Orientales, une centaine d'agriculteurs avec une cinquantaine de tracteurs bloquent un péage au sud de Perpignan, a constaté un journaliste de France Beu Roussillon. Une manifestation se tient également à Lauterbourg (Bas-Rhin), au nord de l'Alsace, proche de la frontière avec l'Allemagne, rapporte France Bleu Alsace. Lundi matin, le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, a promis "des actions toute la semaine et autant longtemps que nécessaire".

"Le pacte de confiance avec le gouvernement est rompu"

"Le pacte de confiance avec le gouvernement est rompu" estime Pierrick Horel, secrétaire général des Jeunes agriculteurs, sur franceinfo lundi. Il sera reçu à 18h par le Premier ministre Gabriel Attal, avec le syndicat agricole FNSEA. Il est revenu sur le sentiment qui anime le monde agricole ces derniers temps : "c'est un ras-le-bol général. Le ressenti, c'est que le pacte de confiance avec le gouvernement est rompu", affirme Pierrick Horel, "on a eu des grandes annonces, du 'en même temps' du gouvernement, qui nous expliquait qu'il fallait qu'on progresse très vite, mais sans moyens sur la question environnementale ou la transition énergétique".

Le manque de "réelle vision ou d’accompagnement financier" vient "cristalliser un mécontentement qui explose aujourd’hui sur le territoire et dans les campagnes", analyse le secrétaire général des Jeunes agriculteurs. Rémunérations, normes environnementales jugées trop contraignantes, fin des réductions fiscales sur le gazole non-routier… Les problématiques sont nombreuses, et elles peuvent "être gérées si on a un revenu suffisant sur nos exploitations, mais là, ce n’est plus le cas", estime-t-il.

Le gouvernement a annoncé le report du projet de loi, prévu initialement mercredi, qui doit apporter des simplifications afin de pouvoir y apporter des modifications. Cela va "dans le bon sens", juge Pierrick Horel mais "ce qui était entendable par les agriculteurs il y a quelques mois, nécessite beaucoup plus d'efforts du gouvernement aujourd'hui car les signaux envoyés ont été trop mauvais pendant trop longtemps". 

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