Consommation : Michel-Edouard Leclerc annonce la mise en place d'un "bouclier qui garantit que le prix de 120 articles ne bougent pas du 4 mai jusqu'au mois de juillet"
Pour Michel-Edouard Leclerc, président du comité stratégique des centres Leclerc, l'inflation qui a lieu aujourd'hui sur les produits de première nécessité n'est pas liée à l'Ukraine mais elle risque d'augmenter à cause du conflit : "On a 4,8% avant l'Ukraine et cela va doubler d'ici l'été ou durant l'été parce qu'il y a le problème des céréales avec l'Ukraine, le problème des transports avec l'Ukraine".
"On propose de repérer les 120 articles les plus achetés par les consommateurs et de faire une sorte de bouclier où on garantit que ces articles ne bougent pas du 4 mai jusqu'au mois de juillet", a expliqué mardi 3 mai sur franceinfo Michel-Edouard Leclerc, président du comité stratégique des centres Leclerc où un bouclier tarifaire sur les produits de première nécessité va être mis en place dès le 4 mai sur 120 produits. Cette mesure vise à compenser l'inflation.
Cependant, le bouclier annoncé par Leclerc ne se fera que par le biais d'une compensation des clients détenteurs de la carte de fidélité. Ce n'est donc pas vraiment un blocage des prix, mais une compensation sous forme de cagnotte.
franceinfo : Le comportement des consommateurs a-t-il changé ?
Michel-Edouard Leclerc : Cette inflation de 4,8% c'est déjà une ponction entre 150 et 500 euros par ménage selon ce qu'il achète. Il y a des produits qui augmentent entre 6% et 20%, les pâtes ont augmenté de 20%, certaines marques de café et de chocolat sont en train d'augmenter à ce niveau. C'est un impôt qui interpelle tout le monde. Les consommateurs se retournent vers l'Etat pour essayer d'avoir un chèque alimentaire, des aides, nous en tant que distributeur c'est notre métier que d'essayer de modérer cette inflation. C'est ma trame.
Que pensez-vous du blocage des prix proposé par La France insoumise ?
On peut bloquer les prix quand ils augmentent peu mais cela dépend si c'est l'Etat qui bloque ou les distributeurs. A peu près tous les partis politiques ont proposé des recettes. Chez RN, ils ont proposé de baisser la TVA, chez les Ecolos ils ont proposé de baisser la TVA sur les produits bio, chez LFI ils ont proposé de bloquer les prix sur les fruits et légumes. Mais dans le même temps ils m'interdisent de vendre moins cher. Ils l'ont voté au Parlement avec une majorité très large. Donc, je propose qu'on sorte de la campagne électorale. Avec mes collègues des centres Leclerc, on propose de repérer les 120 articles les plus achetés par les consommateurs et de faire une sorte de bouclier où on garantit que ces articles ne bougent pas du 4 mai jusqu'au mois de juillet. Si on devait les augmenter on rembourserait en tickets Leclerc sous forme de cagnottage. Le bouclier Leclerc c'est donc une liste de 120 produits, évolutive, je n'ai pas dedans tout ce qui est spéculatif.
L'augmentation des prix est-elle la conséquence de la guerre en Ukraine ?
Non, ce ne sont pas encore les conséquences de la guerre en Ukraine. Il y a plusieurs effets, la sortie du Covid et l'indisponibilité des transports, containers, certains camions. Personne n'a trop négocié et on a accepté des hausses trop facilement. Les industriels n'ont pas assez négocié. Tout ce qui se passe dans les ports chinois fait que tout ce qui est importé est mal mené et donc il y aura des hausses. La grippe aviaire a touché le cheptel des canards, des poules, des poules pondeuses et donc les œufs. La facture d'énergie et de transports additionnés modifie le coût de la production agricole française. La viande et le poisson augmentent très vite. Tout cela c'est avant l'Ukraine. On a 4,8% avant l'Ukraine et cela va doubler d'ici l'été ou durant l'été parce qu'il y a le problème des céréales avec l'Ukraine, le problème des transports avec l'Ukraine et beaucoup de spéculation et d'anticipation contre lesquelles il va falloir lutter parce qu'il y a aussi un effet d'aubaine pour les grands groupes de se servir de l'Ukraine.
Comment fait-on pour limiter cette hausse ?
Pour l'énergie, il n'y a que l'Etat qui peut installer ce qu'ils ont appelé leur bouclier. Je suis pour qu'ils le prolongent et pour que nous puissions aussi faire nous des opérations à prix coûtant, des rabais sur les carburants. On achète bien et il faut qu'on puisse le dire, or la loi Climat dans sa bonne volonté de supprimer de faire de la publicité sur les énergies fossiles nous interdit indirectement de faire de la publicité à partir du 22 août. Je propose qu'on lève cette interdiction provisoirement pour aider les gens.
Pourquoi protestez-vous contre la loi Egalim 2 ?
La loi Egalim 2, qui permet aux agriculteurs de transférer l'équivalent de leur production dans des demandes de tarifs que nous devons accepter, c'est complexe. Je ne suis pas en rivalité avec la FNSEA, les agriculteurs, sur la dernière loi. C'est une politique assumée et ils étaient en déflation pendant cinq, six ans, et personne ne s'est plaint. Par contre, une disposition m'empêche de prendre sur mes marges. Je dois acheter plus cher des produits français et si je peux les vendre moins cher c'est mieux, mais il y a des gens qui se sont mis dans l'idée qu'en m'obligeant à vendre plus cher le Nutella, le cacao, le Coca Cola cela me ferait des marges et j'achèterais la salade moins cher. Ca ne fonctionne pas comme ça. Donc, je demande aussi la levée provisoire qui interdit aux discounters, aux distributeurs comme Leclerc de pouvoir vendre moins cher. On nous a imposé une marge de 10%. Je me propose de vendre moins cher malgré le fait qu'on achète plus cher à la source.
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