Crise des éleveurs : la reprise en main du dossier par l'exécutif en six actes
Depuis dimanche, les éleveurs bloquaient de nombreux accès en Normandie pour alerter l'exécutif sur la crise qu'ils traversent. Retour sur trois jours de communication gouvernementale, marqués par une volte-face du ministre de l'Agriculture.
Des manifestations, dimanche 19 juillet, un enlisement lundi, un plan d'aide annoncé mardi et détaillé mercredi... Face à la colère des éleveurs, l'exécutif a été sommé de réagir. Bien que Stéphane Le Foll ait rencontré les agriculteurs à de nombreuses reprises ces derniers mois, l'accélération de la mobilisation ce week-end a poussé le gouvernement à changer de méthode, et de discours. Retour sur trois jours cruciaux.
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Acte 1 : Le Foll propose aux éleveurs de les recevoir "jeudi"
Sommé par les éleveurs de venir à leur rencontre, dimanche, Stéphane Le Foll joue d'abord la montre. Lundi, le ministre de l'Agriculture leur propose, par le biais de son entourage, de rencontrer les représentants de la profession trois jours plus tard, soit jeudi, sans prendre semble-t-il la mesure de la mobilisation en Normandie. Ce délai doit lui permettre de prendre connaissance du rapport du médiateur sur les prix des productions agricoles, qu'il avait lui-même désigné et dont la remise est prévue mercredi à 17 heures.
Acte 2 : les éleveurs ne décolèrent pas et exigent de rencontrer le ministre
Le délai proposé par Stéphane Le Foll est jugé trop long par les éleveurs, qui durcissent leur mouvement. "On reste sur notre position, on veut un ministre de terrain", déclarent-ils à l'unisson, dans la matinée. "Le blocage sera levé à l'arrivée" de Stéphane Le Foll, renchérit Sébastien Debieu, secrétaire général de la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA) du Calvados, sur i-Télé. L'opposition s'engouffre dans la brèche : "Cela fait quatre mois maintenant que les éleveurs avaient tiré le signal d'alarme, rien n'a été fait, on a laissé pourrir les choses", s'emporte sur Sud Radio le député des Républicains Jérôme Chartier.
Acte 3 : Hollande promet "un plan d'urgence"
Face à la crispation du conflit, François Hollande accélère le mouvement. Mardi, à 9 heures, il annonce devant les caméras "un plan d'urgence" pour l'élevage. Le ton est ferme, solennel : "Je demande à tous les agriculteurs de comprendre que nous sommes tous mobilisés, nous sommes conscients de leurs difficultés, elles sont très grandes et elles appellent des mesures structurelles - elles seront prises - et des mesures conjoncturelles, c'est-à-dire d'urgence. Elles seront également décidées demain."
Acte 4 : une réunion est organisée à Matignon
Trois heures plus tard, une réunion extraordinaire est organisée à Matignon, autour de Manuel Valls, en présence des ministres concernés. Le message est clair : le gouvernement est mobilisé et vient au secours des éleveurs et producteurs de lait, rapporte France 3.
Acte 5 : Le Foll "change d'avis" et se rend à Caen
A la sortie de cette rencontre, Stéphane Le Foll affirme avoir "changé d'avis" et s'envole en hélicoptère pour aller rencontrer les éleveurs en colère, à la préfecture du Calvados. Cette volte-face vise aussi à faire taire l'opposition, qui reproche au gouvernement son inaction dans cette crise. "J'ai bien compris que du côté de l'opposition, il y avait une manière de montrer du doigt. Je rappellerai qu'autour de 200 déplacements ont déjà été faits par le ministre de l'Agriculture que je suis. Je suis prêt à faire des comparaisons", assure-t-il.
Acte 6 : le gouvernement détaille son plan d'urgence
Mercredi, au lendemain de cette journée marathon pour l'exécutif, Manuel Valls et Stéphane Le Foll détaillent le contenu du plan d'urgence prôné mardi matin. Redressement des prix de la filière, restructuration de la dette des éleveurs en difficulté, allègement et report des charges, améliorer la compétitivité des filières d'élevage... Au total, le plan de 600 millions d'euros comporte 24 mesures articulées autour de six grands axes. "Les éleveurs ont l'impression que leurs efforts quotidiens ne sont pas payés en retour. Cette angoisse, il faut l'entendre, nous l'entendons", tente de rassurer Manuel Valls.
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