Incendie de Lubrizol : "des acheteurs ne veulent plus acheter de lait de Seine-Maritime", déplore un éleveur laitier
La vente de lait et de produits laitiers est de nouveau autorisé près de Rouen. Pour Charles Vimbert, secrétaire général des Jeunes agriculteurs en Normandie, si cette décision va soulager les producteurs. Elle n'effacera pas le choc psychologique subi.
Plus de deux semaines après l'incendie de l'usine Lubrizol près de Rouen, en Seine-Maritime, le ministre de l'Agriculture a de nouveau autorisé la vente du lait et des produits laitiers. Une décision qui "va soulager les producteurs dans la zone", reconnaît mardi 15 octobre sur franceinfo Charles Vimbert, secrétaire général des Jeunes agriculteurs en Normandie et éleveur laitier. L'agriculteur dénonce malgré tout le manque de préparation des autorités, responsable en partie du "gros choc psychologique" des agriculeurs qui ont ouvert "les vannes du tank" à lait.
franceinfo : La levée des interdictions sur le lait, c'est un soulagement ?
Charles Vimbert : Ça va soulager les producteurs dans la zone, dans le sens où ils n'auront plus besoin d'ouvrir la vanne du tank à lait. On est sur du produit frais. Les vaches, c'est du vivant. [Malgré l'interdiction], il fallait les traire, c'est leur cycle, on ne pouvait pas s'arrêter. Les producteurs continuaient de traire leurs vaches et jetaient le lait tous les jours. Je ne vous raconte pas l'odeur dans les fermes... Le lait caillé, etc. C'est un gros choc psychologique pour les agriculteurs d'ouvrir les vannes du tank, c'est un gros choc quand ils ont dans leur ferme les odeurs ! Il était temps que ça reprenne.
Cet épisode va laisser des traces...
J'ai eu des contacts avec l'entreprise Sodiaal et l'entreprise Danone qui ont des acheteurs de lait qui ne veulent plus acheter du lait de Seine-Maritime. On a mis énormément de temps pour tenir une notoriété sur les produits seino-marins, les produits normands, et avec cet accident industriel, toute cette notorioté là est rendue à mal.
Malgré la levée des interdictions sur le lait, les autres produits comme les oeufs, le poisson, les végétaux ou le miel restent interdits. Avez-vous une idée du préjudice ?
Ce sont des produits frais, c'est pareil ! À un moment, la poule, quand elle pond, il faut quelqu'un qui ramasse l'oeuf, sinon il casse, et ça salit son environnement. C'est horrible ce qui se passe dans les exploitations agricoles. C'est un préjudice économique, mais c'est surtout un préjudice moral. Quand on voit le manque de préparation du gouvernement face à des accidents industriels comme ça, c'est hallucinant. Il faut se remettre en question. On n'est pas à l'abri que ça arrive à nouveau à un autre endroit demain. Il faut se servir de la catastrophe pour les agriculteurs seino-marins comme exemple pour préparer l'avenir.
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