Haute fonctionnaire devenue lobbyiste pour la pêche : une association de petits pêcheurs dénonce "la proximité du gouvernement avec les intérêts de la pêche industrielle"
Pour Charles Braine, président de l'association Pleine Mer, cette nomination ne sert que les intérêts de "quelques entreprises de pêche industrielle", au détriment de la majorité de la pêche française, qui est "délaissée".
"Ce n'est pas l'intérêt de la France, mais de quelques entreprises de pêche industrielle" qui est défendu par Europêche, martèle lundi 14 novembre sur franceinfo le président de l'association Pleine Mer, Charles Braine. Après l'arrivée en avril d'une haute fonctionnaire française à la tête du lobby européen de la pêche Europêche, il dénonce une nouvelle démonstration de "la proximité du gouvernement avec les intérêts de la pêche industrielle". Selon les informations de franceinfo, le Parquet national financier a été saisi par l'association de lutte contre la corruption Anticor.
franceinfo : Que vous inspire cette nomination ?
Charles Braine : C'est tout à fait sidérant. Ce qui est terrible, c'est que c'est une nouvelle fois une proximité entre le gouvernement français et les intérêts de la pêche industrielle. Il faut bien dissocier les intérêts de la pêche industrielle, qui sont ceux du lobby thonier industriel, et du reste de la pêche française majoritaire qui, bien souvent, n'est pas représentée voire même délaissée par ses représentants officiels et le gouvernement français. L'Etat français a déjà été poursuivi pour diverses infractions : des poissons sous taille au début des années 2000 puis, dans les années 2000, la France pêchait deux fois plus que son quota de thon rouge et le gouvernement français a laissé faire.
Ne va-t-on pas vous dire que c'est l'intérêt de la France et des pêcheurs français qui est défendu ?
Ce n'est pas l'intérêt de la France ni de la pêche française, c'est l'intérêt de quelques entreprises de pêche industrielle. L'immense majorité de la petite pêche n'est pas concernée. C'est intéressant de se rappeler que ces poissons sont pêchés au large des côtes africaines, que ce soit dans le golfe de Guinée ou dans l'ouest de l'océan Indien, au détriment bien souvent de populations locales qui dépendent bien plus que nous d'accès à la protéine. Ces pays n'ont pas la grosse part du gâteau, qui bien souvent tombe dans l'escarcelle de la France, de l'Espagne, du Japon et d'autres grandes nations de pêche qui ne sont pas sur le pourtour de l'océan Indien ou du golfe de Guinée.
D'une certaine manière, l'Union européenne est-elle en train d'autoriser la France et quelques autres pays à des sortes de dérogations ?
Oui, il y a à la fois cette tolérance à un dépassement des autorisations de captures, mais il faut surtout pointer le déficit dingue de contrôle. On peut mettre toutes les plus belles règles du monde mais si on ne contrôle pas ces règles, notamment à bord de ces quelques dizaines de bateaux européens et au débarquement, elles ne servent à rien. Là, c'est cette double peine. On affaiblit les règles et on ne contrôle pas.
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