Le lombricompostage, une solution naturelle pour valoriser les biodéchets
Cyril Borron est lombriculteur à Lyon. Son métier : collecter et valoriser les biodéchets avec l'aide de vers de terre. Le résultat : un engrais de très grande qualité.
Chaque année, chacun d'entre nous jette plus de 300 kilos de déchets à la poubelle. Pourtant les biodéchets (comme les épluchures, le marc de café ou le carton pour n'en citer que quelques-uns) peuvent être facilement valorisés pour obtenir du compost. Ou mieux : du lombricompost.
Paysagiste en région lyonnaise, Cyril Borron s'est un jour posé la question du retraitement de ses déchets d'activité. Une dizaine d'années plus tard, au sein de Terrestris, lui et ses associés proposent aux professionnels et aux particuliers de collecter et valoriser leurs biodéchets avec l'aide de vers de terre.
Se passer de produits phytosanitaires
Concrètement aujourd'hui, cela consiste à récupérer des fûts remplis par des restaurateurs partenaires (mais cela pourrait être aussi des maraîchers, des traiteurs...) puis de les apporter sur une exploitation agricole de la Loire qui travaille en bio depuis une vingtaine d'années. Là, sur un espace dédié, les déchets collectés sont vidés sur des andins de fumier de bovin où sont élevés des vers. Le travail de transformation peut alors commencer. Terrestris propose également des valorisations sur place pour ceux qui disposent d'un peu d'espace.
"C’est toujours les champignons et les bactéries qui vont commencer à dégrader la matière puis la macrofaune qui va la manger après, explique Cyril Borron. On élève des vers parce qu’ils vont attaquer la matière au moment où elle commence à se dégrader, comme ils le font en milieu naturel. Au passage ils vont tout désinfecter, tout nettoyer et produire du lombricompost." Un coup de pouce à un processus naturel mis à mal par l'utilisation massive de pesticides, le tassement des sols et les labours intensifs qui ont appauvri les sols. Au bout de six mois, le lombricompost est donc prêt à épandre dans les champs cultivés.
On peut difficilement obtenir un compost de meilleure qualité que ce qu'ont fait les vers. Il est sept fois plus riche qu'un compost classique
Cyril Borron
"Il protège les plantes contre les parasites et les maladies, donc il permet de se passer de produits phytosanitaires, ajoute Cyril Borron. Il retient énormément d'eau donc il permet aussi de limiter l'arrosage et d'augmenter les rendements de l'agriculture."
Des pratiques plus vertueuses
Jean-Luc Guyot, l'un des agriculteurs du GAEC du Mûrier, s'est lancé dans l'aventure en 2018. Avec l'expérimentation en cours, il espère accroître la part de fumier dédié au lombricompost plutôt que d'épandre du fumier frais ou juste composté. Outre le fait que le premier n'a pas d'odeur, il évite également la pollution engendrée par le carbone ou le méthane rejetés. Des tests sont en cours sur l'exploitation pour comparer la qualité des différents composts mais l'agriculteur bio, soucieux de trouver des alternatives, souhaite "pousser un peu plus loin que ce qu' impose le cahier des charges" et "faire évoluer [ses] pratiques vers un sens plus vertueux."
C'est aussi la volonté de Cyril Borron qui aimerait "mailler le territoire de plateformes pour pouvoir retraiter tous ces déchets". Une volonté qui ne suffit pas toujours pour se faire entendre auprès des décideurs. "Les composts urbains sont souvent mal gérés, regrette-t-il, peu convaincu par ce qui se fait à Lyon. En ville on est en face à des gestionnaires d’incinérateurs et j’ai l’impression que le politique a un peu du mal à avancer sur ces sujets", affirmait-il l'hiver dernier, avant les élections municipales qui ont fait changer la ville de couleur. "On nous parle de transition environnementale tous les jours et nous on propose de la faire vraiment."
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