Mobilisation des agriculteurs : "On a notre propre pouvoir d’achat à défendre", prévient un céréalier d'Eure-et Loir
Pascal Laya, agriculteur, explique les raisons d'une colère grandissante de la profession, qui ne rejoindra pas celle des "gilets jaunes" sur le terrain, mais qui concerne pourtant, comme la leur, le pouvoir d'achat.
"Pouvoir vivre de ce qu’ils font, c’est la revendication des "gilets jaunes". Pour nous, c’est la même chose", explique Pascal Laya. Cet agriculteur d'Eure-et Loir, également à la tête de la FDSEA de son département, prépare les actions lancées par son syndicat à partir du 10 décembre.
Pas de manifestations avec les "gilets jaunes"
Sur son exploitation de 177 hectares au Gué-de-Longroi, au nord-est de Chartres, Pascal Laya cultive du colza, du blé, de l'orge et du lin. Une tradition familiale. "Je suis la quatrième génération. Et je serai sûrement le dernier, mes enfants ne souhaitent pas continuer", explique-t-il. En tant que secrétaire général de la FDSEA d'Eure-et-Loir, Pascal Laya est mobilisé depuis plusieurs jours. Il prépare la mobilisation de la semaine prochaine, mais sans trop en dire, si ce n'est qu'elle ne se fera pas en lien avec les "gilets jaunes".
Ce seront des actions dans les départements et on n’ira pas aux endroits où sont les "gilets jaunes". On n’ira pas sur les rocades, on n’ira pas sur les péages, c’est sûr.
Pascal Laya, céréalierà franceinfo
La FNSEA ne veut pas rejoindre le mouvement des "gilets jaunes". "On comprend le mouvement des "gilets jaunes", à part que nous, on a notre propre pouvoir d’achat à défendre et nos propres contraintes", dit Pascal Laya.
La loi agriculture réclamée en urgence
Concrètement, lui et ses collègues redoutent le report de la loi agriculture et alimentation, qui doit permettre d'améliorer leurs rémunérations, dans un contexte de crise. Près de la moitié des agriculteurs vivent avec moins de 350 euros par mois. Mais certaines mesures pourraient alourdir de quelques centimes le prix pour le consommateur. C'est pourquoi, en pleine colère des "gilets jaunes", le ministre de l'Agriculture, Didier Guillaume, a préféré différer les ordonnances attachées à la loi. "Il n’est pas question de faire les frais de la crise, prévient Pascal Laya. Je conçois que ça augmente le panier de la ménagère, mais il faut que nous, quand on vend un poulet ou un kilo de pâtes, on soit rémunérés de ce que l’on fait." Pour ce céréalier, la gestion des revendications des uns ne doit pas entraîner la colère des autres.
Mais comme les "gilets jaunes", les agriculteurs dénoncent certaines taxes écologiques, comme l'augmentation de la redevance pour pollution diffuse.
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