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Non-paiement des aides aux agriculteurs qui passent au bio : le gouvernement "nous prend pour des idiots"

Depuis deux ans, les aides financières versées aux agriculteurs qui passent au bio ne sont pas entièrement payées. Une situation "intolérable" pour Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne interrogé mardi sur franceinfo.

Article rédigé par franceinfo
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Des vaches dans une ferme bio, le 19 février 2016. (CHARLY TRIBALLEAU / AFP)

Cela fait deux ans que les aides financières ne sont pas entièrement payées aux agriculteurs qui passent au bio. Des actions sont prévues au Salon de l'Agriculture qui se tient Porte de Versailles jusqu'au 5 mars pour dénoncer ces retards. 25 000 exploitations sont touchées dont la moitié est en grande difficulté. Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne, a dénoncé mardi sur franceinfo une situation "intolérable". "On nous prend pour des idiots. On marche sur la tête", a-t-il estimé.

franceinfo : Comment expliquer ces retards de paiement ?

Laurent Pinatel : Stéphane Le Foll et Bernard Cazeneuve, que nous avons rencontrés lundi matin sur ce sujet, nous ont dit qu’ils allaient trouver une solution.

Nous sommes dans une crise sans nom pour l’agriculture

Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne

à franceinfo

Il y a des gens qui n’ont plus de revenus alors que l’État doit de l’argent aux paysans et ne le donne pas. On en est arrivés à un point, après deux années de retard de paiement, où peu importe la technique, peu importe le pourquoi du comment, il y a de l’argent qui est dû. Il faut vraiment une décision politique pour donner cet argent aux paysans. Or, cette décision politique n’arrive pas.

Avez-vous eu une explication de l’État ou des ministres que vous avez rencontrés ?

Non, il n’y a pas d’explications. Bernard Cazeneuve nous a dit lundi, suite à notre interpellation au Salon de l’Agriculture, qu’il y aurait une réunion au ministère. Là, il faut arrêter. Les paysans attendent les paiements, ils ont fait des efforts vertueux pour changer d’agriculture, pour correspondre à une agriculture qui va vers la demande des consommateurs et des citoyens. Une agriculture qui va respecter les sols, qui va faire en sorte que la société va dépenser moins d’argent pour dépolluer l’eau les sols. Ce n’est pas simple de changer de système. Ils font les efforts. Il signe un contrat avec l’Etat qui s’engage à les aider.

Lui, le paysan, il respecte son contrat, il est même contrôlé, mais l’Etat lui ne respecte pas le contrat.

Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne

à franceinfo

Et comme réponse, on lui parle d’une réunion au ministère. On nous prend pour des idiots. On marche sur la tête.

C’est un paradoxe car normalement les agriculteurs qui font le choix des circuits courts, de la filière bio, des filières qualité, s’en sortent mieux financièrement que les autres ?

Oui, il y a un vrai paradoxe. C’est vraiment l’agriculture d’avenir que d’aller vers des pratiques plus vertueuses. Qu'il s'agisse de l’agriculture biologique certifiée, ou des pratiques qui diminuent l’usage des pesticides. Tous ces gens qui représentent l’avenir de l’agriculture, c’est à eux qu’on ne donne pas les aides, alors que ceux qui sont dans un système d’agriculture intensive, polluante, eux ils auront leur argent. C’est intolérable. Je pense que le gouvernement est en train de finir en roue libre et c’est juste insupportable. Il y a un ras-le-bol généralisé par rapport à cette inconséquence du gouvernement sur le non-paiement des aides destinées à l’agriculture biologique. D'autant que, les banques ne jouent pas forcément le jeu. Ça risque de mettre un certain nombre d’exploitants dans une situation financière totalement intolérable. Il y a une situation dramatique de certaines fermes comme cette famille qui vit, à Ozenay en Saône-et-Loire ,avec seulement 300 euros par mois. Et l’Etat nous pond des plans d’urgence des grandes intentions. Que l’Etat commence déjà par payer ses dettes qu’il a envers les paysans.

Laurent Pinatel : "Que l’Etat commence déjà par payer ses dettes qu’il a envers les paysans"

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