: Reportage "C'est très efficace pour les poireaux, les choux, les épinards" : le premier point de collecte d'urine a ouvert en France
Du pipi utilisé comme engrais ! Le premier point d'apport volontaire d'urine de France a été inauguré mercredi 18 septembre à Châtillon dans les Hauts-de-Seine. Des adhérents d'une Amap, Association pour le maintien d'une agriculture paysanne, ont accepté de participer à ce projet porté par l'école nationale d'ingénieurs des ponts et chaussées. Si le local mis à disposition a été inauguré mercredi par la maire, le système existe en fait depuis un an.
Depuis qu'il participe à ce projet, Nicolas ne voit plus son urine de la même manière : "Je suis venu ramener des nutriments que j'ai pu manger grâce aux légumes de notre maraîcher pour lui rendre ces nutriments qui retourneront dans sa terre." Il fait partie de la vingtaine de personnes qui viennent vider leur urine chaque semaine, mais pas question d'en mettre partout. "On pose le bidon et on met en route la pompe pour transvaser", explique précautionneusement Nicolas. Ce dispositif a été pensé par la designer Louise Raguet, responsable du projet "Enville, engrais humains des villes", porté par l'Ecole nationale des ponts et chaussées. "C'était très important qu'il n'y ait aucun risque de renversement ou d'odeur à la fois pour soi, mais évidemment aussi pour tous les autres, qu'ils participent ou non au projet", souligne-t-elle.
"L'urine est riche en nutriments"
Quand la cuve de 300 litres est remplie, l'agriculteur qui travaille avec cette Amap vient la vider avec un système similaire installé sur son camion. Il pourra ensuite l'utiliser sur son exploitation, dans le Loiret. "L'urine est riche en nutriments et notamment en azote, phosphore et potassium. Donc l'urine peut tout à fait remplacer les engrais chimiques en termes d'efficacité fertilisante, précise la designer. Pour le moment, il s'en sert essentiellement sur ses prairies, ce qui permet de commencer à faire des petits tests. Il n'est pas utilisé dans ses productions maraîchères. Mais il pourrait tout à fait, c'est très efficace pour les poireaux, les choux, les épinards…"
Pour Louise Raguet, une utilisation à grande échelle est possible, notamment pour les céréales. Mais pour cela, il faut de l'urine pure, qui est difficile à récupérer dans les stations d'épuration. "Puisqu'en fait on mélange 1,3 litre d'urine par jour dans 150 litres d'eau usée qu'on produit par jour et par personne. Et donc, une fois que tout cela arrive en station de traitement des eaux usées, il est très difficile de récupérer les nutriments. On doit même souvent les détruire pour que ça ne devienne pas une pollution dans la rivière", explique-t-elle.
Pour toutes ces raisons, Nicolas n'imagine pas revenir en arrière : "Derrière la moue qu'on peut faire au départ, on arrive à du bon sens, on arrive à un engagement finalement facile pour préserver encore un peu plus notre planète." C'est dans cet objectif qu'un projet à plus grande échelle verra le jour dans le 14e arrondissement de Paris, avec 600 appartements équipés d'un WC spécial, conçu pour récupérer le précieux liquide.
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