: Reportage Nomination de Michel Barnier : les agriculteurs prudemment optimistes face à "quelqu'un d'expérience, qui peut être pragmatique"
La fête et l'inquiétude au plus grand festival agricole d'Europe. La 10e édition des Terres de Jim a commencé vendredi 6 septembre dans la matinée à Mamirolle, près de Besançon, dans le Doubs. 100 000 personnes sont attendues jusqu'à dimanche. L'ambiance est à la fête, avec un œil sur la politique car la colère n'est pas loin. Les agriculteurs estiment ne pas avoir reçu de réponse à leur mobilisation historique de l'hiver dernier.
Les paysans attendent beaucoup de l'arrivée de Michel Barnier à Matignon. En attendant le concours de labour avec des tracteurs venus de l'Europe entière, il y a les concours bovins, comme les Montbéliardes d'Arnaud, producteur de lait à Comté aux Hôpitaux-Vieux, près de Pontarlier. Mais les problèmes ne sont pas loin. "Moi je suis dans une agriculture de montagne, on est touchés par le loup, raconte l'éleveur. Ce sont des attaques tous les jours, on ne dort pas beaucoup la nuit. Les charges augmentent, les produits baissent, je pense que l'automne va être chargé."
La question centrale des revenus
Au niveau national, il y a aussi les maladies qui se répandent dans les élevages français : fièvre catarrhale ovine, maladie hémorragique épizootique (MHE) pour les vaches ou grippe aviaire pour la volaille. Mais pour Francis, installé à Morteau, le nouveau locataire de Matignon peut être l'homme de la situation. "Enfin on a un Premier ministre, c'est déjà la première chose, note-t-il. Puis Michel Barnier, nous, on le connaît, puisque c'est un ancien ministre de l'Agriculture."
"Je pense que ce n’est peut-être pas le plus mauvais ministre de l'Agriculture qu'on avait eu."
Francis, éleveur à Morteauà franceinfo
Son collègue Ludovic veut que le nouveau Premier ministre s'empare des questions de revenus des agriculteurs. "Les fins de mois sont difficiles pour tout le monde et la classe moyenne qui travaille, qui se lève tous les matins, souffle-t-il. Ces gens-là méritent d'avoir un salaire. La classe qui souffre le plus, c'est la classe qui travaille et qui touche le Smic ou juste un peu plus que le Smic, ce sont ces gens-là qu'il faut aider."
Éviter un "retour de la colère"
C'est pourquoi les syndicats majoritaires, la FNSEA et les Jeunes agriculteurs (JA), qui organisent ces Terres de Jim, demandent la reprise rapide des travaux parlementaires sur le projet de loi d'orientation pour la souveraineté agricole, mis à l'arrêt depuis la dissolution. Pierrick Horel, président des Jeunes agriculteurs, veut même un texte plus ambitieux. "On doit aller plus loin sur les sujets d'accès aux revenus, de compétitivité et de simplification, estime-t-il. Le gouvernement doit s'en saisir au plus vite."
Il garde en tête le bilan de Michel Barnier au ministère de l'Agriculture. En 2008, il avait tenu tête aux principaux syndicats pour mettre en place le plan Ecophyto destiné à réduire l'usage des pesticides. "Je pense qu'on a quelqu'un d'expérience, qui peut être pragmatique, en tout cas on peut l'accompagner en ce sens", lance Pierrick Horel.
"Donc je suis convaincu qu'il regardera les sujets en face et qu'il les traitera avec distance et une bonne mesure dans l'application de sa politique."
Pierrick Horel, président des JAà franceinfo
Il exige également des prêts garantis par l'État pour les céréaliers et les viticulteurs pour faire face à des mauvaises récoltes cette année. Si l'urgence n'est pas traitée, il n'exclut pas des nouvelles mobilisations. "Nous attendons de Michel Barnier qu'il donne un cap à l'agriculture", exige pour sa part Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA, au lendemain de la prise de fonction du nouveau Premier ministre à Matignon. Le syndicat le somme de répondre "très rapidement" à plusieurs questions pour éviter un "retour de la colère" des agriculteurs.
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