: Reportage "On se sent abandonnés" : en Haute-Garonne, les agriculteurs manifestent leur colère en bloquant l'autoroute
La colère des agriculteurs s'exprime avec une manifestation spectaculaire dans la région Occitanie depuis le jeudi 18 janvier et notamment en Haute-Garonne. Vendredi soir, plusieurs dizaines d'agriculteurs bloquent toujours l'autoroute A64, au niveau de Carbonne au sud de Toulouse, avec leurs tracteurs et des bottes de paille déversées sur la chaussée.
Des mobilisations ont également eu lieu vendredi en Ariège, dans la Loire, en Mayenne ou encore en Loire-Atlantique. Ces agriculteurs dénoncent des normes environnementales jugées trop sévères et surtout des retards de versement de certaines aides de l'État, ou encore la fin programmée de l'exonération du GNR, le gazole non routier. Emmanuel Macron a demandé aux préfets d’aller dès ce week-end à la rencontre des agriculteurs et de leurs syndicats. Le chef de l'État souhaite qu’ils échangent directement sur les problématiques qu’ils expriment, au plus près du terrain, comme le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau le fera samedi.
"Ici commence le pays de la résistance agricole"
Une cinquantaine d'agriculteurs sont toujours rassemblés sur l'autoroute vendredi soir, autour d'un brasero, alors que la nuit tombe et qu'il commence à faire très froid. L'ambiance est très calme au milieu d'une file de tracteurs garés dans les deux sens de l'autoroute. Certains ont inscrit des messages, comme "Agriculteurs en colère", "Ras le bol !" ou "Ici commence le pays de la résistance agricole".
La route est coupée par des murs de bottes de foin et tout est prévu pour passer une nouvelle nuit sur place. Des toilettes ont ainsi été installées, preuve de la volonté de ces agriculteurs de rester sur place jusqu'à l'arrivée, au moins, du Premier ministre Gabriel Attal, au mieux du président Emmanuel Macron, ce qu'ils demandent. Le président de la République a demandé aux préfets d'aller dès ce week-end à la rencontre de ces agriculteurs. Dans tous les cas, le but pour ces manifestants est d'être enfin entendus, disent-ils.
Les agriculteurs veulent pouvoir vivre de leur travail
Cela fait des années qu'ils souffrent des sécheresses ou encore des inondations. Ce à quoi se rajoute la hausse du coût du gazole, des mesures environnementales supplémentaires, un contexte géopolitique compliqué... Les aides européennes ne suffisent plus. François, un cultivateur de blé, confie le regard triste que, depuis 20 ans, ces marges se réduisent petit à petit et que depuis deux ans, son exploitation est en déficit. "Il n'y a plus d'avenir, dit l'agriculteur, il n'y a plus d'avenir pour l'agriculture. On se sent complètement abandonnés." "On n'est pas la priorité, réagit sa femme, qui parle d'un gouvernement "complètement déconnecté". Elle espère que ce mouvement sera suivi ailleurs en France. Vendredi, d'autres routes ont été bloquées par des agriculteurs en colère.
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