Sécheresse : "Chaque jour qui passe, on voit les cultures dépérir", alerte Christiane Lambert, la présidente de la FNSEA
Face à la sécheresse et aux fortes températures, les restrictions se multiplient pour les agriculteurs qui s'inquiètent pour leurs cultures.
"Chaque jour qui passe, on voit les cultures dépérir", a alerté vendredi 15 juillet sur franceinfo Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, alors que la canicule amplifie les craintes de sécheresse. Les restrictions se multiplient : 72 départements français ont mis en place des restrictions d'usage de l'eau. Un comité sécheresse s'est tenu ce vendredi autour du ministre de l'Agriculture Marc Fesneau. Christiane Lambert souligne que "les fruits sont aussi perturbés." Elle met en avant la nécessité de changer les pratiques agricoles, notamment avec "la recherche variétale pour des variétés plus résistantes."
franceinfo : Est-ce que la situation est critique ?
Christiane Lambert : L'heure est très grave et chaque jour qui passe, on voit les cultures dépérir. J'ai fait un tour de mes champs cet après-midi, les maïs sont en train de se recroqueviller, les épis ne se formeront pas. C'est le stade de la fécondation. S'il n'y a pas de fécondation, il n'y aura pas d'épi, donc pas de grains, pas le rendement. Et c'est aussi le cas des prairies, donc plus de fourrage pour les animaux. Et il y a même des prairies qui vont certainement être totalement mortes et à ressemer.
Est-ce que l'on est en train de perdre des cultures ?
Oui. Il y a aussi tout ce qui est raisin, fruits. La viticulture prend des coups de chaud, quand il fait 44 degrés, cela grille les feuilles et cela peut abîmer les grappes. C'est ce qu'on appelle le coup de chalumeau. Cela peut aussi s'enflammer. Et pour les fruits, c'est, sur la face exposée au soleil, un coup de soleil qui produit une espèce d'induration. Les fruits sont perturbés aussi.
Est-ce que les conditions climatiques poussent les agriculteurs à changer leurs méthodes ?
Beaucoup ont déjà changé en choisissant, quand c'est possible, des cultures de tournesol au lieu de maïs, des variétés qui soient semées plus tôt pour être plus avancées, et faire en sorte que la fécondation soit passée. On a engagé tout cela depuis cinq ou six ans. Depuis le Varenne de l'eau, on a trois chantiers ouverts. Un, le chantier de l'assurance, parce qu'il faut aider les agriculteurs à s'assurer et que la solidarité nationale joue au-delà de 50% de perte. Deux, tout le travail d'accompagnement pour l'atténuation. C'est l'adaptation des pratiques et la recherche variétale pour des variétés plus résistantes. Et le troisième volet, c'est la gestion de l'eau en étant capable d'aller plus vite pour stocker de l'eau. On a tellement de pluies diluviennes l'hiver qu'il faut arrêter de la gaspiller.
Est-ce que les conséquences pourraient être longues et durables, parce que l'alimentation des troupeaux repose aussi sur le fourrage ?
Bien sûr. Les agriculteurs ont récolté leur fourrage foin et sont déjà en train de le distribuer à leurs animaux. Beaucoup comptent sur le maïs, et notamment les grains de maïs, pour faire une alimentation riche en énergie pour leurs vaches laitières, pour leurs bovins, pour leurs porcs. Et donc on aura du maïs sans grain, un maïs qui a beaucoup moins de valeur. Il y a aussi beaucoup de difficultés dans les bâtiments d'élevage, quand il fait 40 degrés comme dans les bâtiments de mise-bas. En ce moment, c'est la période des mises-bas. On est obligé de programmer les mises-bas pour qu'elles puissent avoir lieu entre une heure et cinq heures du matin quand il fait plus frais, sinon les truies sont vraiment en souffrance au moment où elles mettent bas.
"On essaie de s'adapter le mieux possible, mais c'est plus de travail et plus de stress."
Christiane Lambert, présidente de la FNSEAà franceinfo
Est-ce que dans ce tableau très sombre, certaines cultures profitent de ces conditions ?
Quand il fait jusqu'à 40 degrés, les fruits sont super beau, gorgés de soleil, mais ils murissent très vite. Donc il faut vraiment jouer la solidarité, acheter beaucoup de fruits français en ce moment. Les producteurs sont au taquet pour les ramasser dans les meilleures conditions. Et on compte sur les consommateurs pour être au rendez-vous. Faites-vous plaisir. Mangez des melons, des abricots, des nectarines, des cerises, tous les fruits d'été. Les producteurs ont besoin de les vendre très vite, parce qu'ils les récoltent beaucoup plus vite que d'habitude.
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