: Vidéo Canicule dans le Sud : les viticulteurs se disent "en première ligne de l'urgence climatique"
Le délégué régional à la Confédération paysanne en charge de la viticulture dresse le bilan de la canicule.
"Le bilan [de la canicule] est catastrophique, c'est clair, on est en première ligne dans les vignes", a affirmé jeudi 4 juillet sur franceinfo, Mathieu Dauvergne, viticulteur dans l’Aude, délégué régional à la Confédération paysanne en charge de la viticulture. Le syndicat s’inquiète d’une situation particulièrement alarmante dans le Gard, l'Hérault, l'Aude et les Pyrénées-Orientales. C'est d'autant plus difficile que "tout le monde n'est pas assuré, parce que les assurances sont très chères par rapport aux revenus agricoles, notamment en viticulture", a expliqué Mathieu Dauvergne.
franceinfo : Quel est le bilan de cette canicule pour les viticulteurs ?
Mathieu Dauvergne : Le bilan est catastrophique, c'est clair, on n'a pas encore toute l'étendue des dégâts. On est en première ligne dans les vignes, moi j'ai déjà eu du gel au mois de mai. On se retrouve avec du gel tardif, des canicules précoces, en première ligne de l'urgence climatique. On est plus que dans l'urgence, on est sur le terrain. Je faisais le tour de nos collègues, ils ont sporadiquement entre 50%, 80% et dans certains cas 100% de pertes sur des parcelles qui peuvent être exposées à l'ouest par exemple et dans des conditions défavorables. Il y en a qui abandonnent, nos collègues qui ont été impactées à 80% se posent vraiment la question de jeter l'éponge. Il y a un besoin de mutualisation des risques alors que les revenus ne sont pas répartis à l'intérieur des filières pour pouvoir couvrir ces risques.
Quand on dit "100% de pertes", cela veut dire que certaines exploitations ne vont pas s'en remettre ?
Cela veut dire pas de récoltes. Après, ça dépend des assurances. Cela pose la problématique de la résilience des exploitations. La filière viticulture en Languedoc-Roussillon représente 165 000 emplois qui sont supportés par 16 000 viticulteurs qui ont eu des revenus moyens de 750 euros par mois dans les deux dernières années écoulées. Se pose la question de savoir comment la filière va partager, mutualiser la couverture dans l'avenir parce que ce ne sont pas des épisodes exceptionnels, ce sont des épisodes réguliers qu'on retrouve tous les ans. La viticulture dans notre région, c'est la culture majoritaire. Mais il y a eu des élevages touchés, de l'horticulture, du maraîchage, l'arboriculture a été touchée avec des fruits abîmés.
Tous les viticulteurs ne sont-ils pas assurés ?
Tout le monde n'est pas assuré, parce que les assurances sont très chères par rapport aux revenus agricoles, notamment en viticulture. Il y a des problèmes de dossiers qui sont assez compliqués et en plus tous les cas ne sont pas couverts. Il faut dire à nos collègues viticulteurs que les coups de chaleur comme ça sont dans les contrats climatiques. Il faut absolument qu'ils aillent faire les déclarations très rapidement sur leurs sociétés d'assurances. On demande de l'aide, mais surtout une intervention au niveau de la filière pour que les assurances soient mutualisées, il est clair qu'avec des épisodes récurrents que nous avons déjà, sécheresse, inondation, grêle, orages qui se suivent tous les ans, une grosse partie des viticulteurs sont impactés, les assurances augmentent et à terme, le système ne va pas être pérenne.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.