: Vidéo La France est-elle vraiment "l'agriculture la plus durable du monde" ?
C’est officiel, la France est championne du monde de l’agriculture durable. C’est en tout cas ce que répète fièrement le ministre depuis quelques jours. "L'agriculture française, pour la troisième année consécutive, a été désignée l'agriculture la plus durable du monde !", s'est enflammé Didier Guillaume à l'Assemblée nationale, comme sur LCI quelques heures plus tôt. Mais en réalité, il fait une petite confusion entre agriculture durable et alimentation durable.
Pour affirmer que notre agriculture est la plus durable au monde, le ministre s’appuie sur un classement : l'indice de durabilité alimentaire. Publié chaque année par le magazine britannique The Economist et reconnu par l’ONU, il réunit chercheurs, économistes et journalistes, qui comparent l'alimentation de 67 pays, dont la France.
L'agriculture durable française... 21e au monde
Au classement de l’alimentation durable, c’est vrai, la France est championne du monde. Mais dans le détail, ce classement prend en compte trois critères : le gaspillage alimentaire, la nutrition et l’agriculture durable, justement le critère dont parlait publiquement Didier Guillaume. Et sur ce critère, ce n’est plus la même histoire. La France n’est que 21e au monde, entre le Rwanda et Malte. “Certes, la France est parmi les meilleurs du monde sur l’alimentation durable, résume Irène Mia, la directrice de l'indice de durabilité alimentaire. Mais l’agriculture n’est vraiment pas son point fort.”
La gestion de l'eau en cause
Comment expliquer une si mauvaise note ? La principale fautive, c’est l’eau, et la façon dont nos agriculteurs s’en servent. Trop d’eau utilisée pour irriguer les terres, pas assez d’initiatives pour la recycler... Baptiste Gatouillat, vice-président des Jeunes Agriculteurs, estime ne pas avoir les moyens de faire mieux : “Les critères qui sont retenus et qui nous pénalisent sur l'agriculture, ce sont des critères qui ne sont pas de notre fait, se défend celui qui possède une exploitation dans l'Aube. Ce qu’on a demandé depuis cinq à dix ans, c’est de créer des ressources en eau pour que les agriculteurs puissent mieux gérer, sur leur exploitation, l'afflux d’eau en hiver et le manque d’eau en été.”
Et le ministre lui-même, qu’en dit-il ? Nous sommes allés lui poser la question. Pour lui, se comparer à d’autres pays n’a pas de sens. “Il faut prendre des agricultures qui se comparent !, s'agace-t-il. On peut aussi comparer le Liechstenstein, ou d'autres !”
Très pressé, le ministre n’a pas souhaité nous en dire davantage. Dommage pour l’agriculture durable en France, qui reste donc à la traîne.
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