Cet article date de plus de trois ans.

Afghanistan : à Kaboul, les anciens auxiliaires de l'armée française attendent leur évacuation

Entre 80 et 100 personnes espèrent quitter le pays avec leur famille, selon l'avocate spécialiste en droit des étrangers Magali Guadalupe-Miranda.

Article rédigé par Louisa Benchabane
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
D'anciens interprètes et ouvriers de l'armée française manifestent pour demander des visas français pour quitter l'Afghanistan en raison des menaces de mort des talibans, près de l'ambassade de France à Kaboul (Afghanistan), le 23 octobre 2020. (WAKIL KOHSAR / AFP)

Najib* vit calfeutré dans sa maison dans le centre de Kaboul. Ni lui, ni sa famille n'en sortent depuis l'arrivée des talibans, dimanche 15 août, dans la capitale afghane. "On sait qu'on est en danger si on reste ici, alors on se tient prêts à partir dès qu'on nous le permettra", explique à franceinfo l'ancien interprète qui a travaillé pour l'armée française avant qu'elle ne quitte l'Afghanistan.

La ministre des Armées, Florence Parly, a annoncé lundi sur franceinfo que des Afghans qui ont rendu des services aux militaires seraient rapatriés. Les premiers ressortissants et étrangers évacués de Kaboul par la France sont arrivés mardi à Paris. Pourtant, des avocats mobilisés pour défendre la cause des anciens interprètes assurent qu'aucun d'entre eux n'a fait partie de ces premiers vols. 

Entre 80 et 100 PCRL (personnel civil de recrutement local) seraient concernés, estime l'avocate spécialiste en droit des étrangers Magali Guadalupe-Miranda. "De nouvelles demandes de visa sont apparues, alors que la situation sur place se tendait. Les gens qui appellent à l'aide sont des Afghans et d'anciens auxiliaires. Ils font l'objet d'une attention toute particulière", confirme à franceinfo le ministère des Armées.

L'aéroport de Kaboul inaccessible

Toutefois, les auxiliaires disent être sans nouvelles et ne parviennent pas à joindre les services de l'ambassade, explique Magali Guadelupe-Miranda. "Impossible également d'être sûr qu'ils puissent se rendre en sécurité à l'aéroport, sans risquer sur la route de croiser des talibans", précise-t-elle à franceinfo. Le ministère des Armées déclare s'être assuré que le ministère des Affaires étrangères avait en sa possession une liste à jour des auxiliaires et des PCRL qui souhaitent être évacués. "Bien que nous ayons leurs noms et leur numéro, le contexte sécuritaire fait qu'il est extrêmement compliqué de les joindre. Les communications ne sont pas simples", affirme le ministère des Armées.

Sur place, une source diplomatique décrit à franceinfo un accès à l'aéroport "extrêmement compliqué, voire impossible". Les portes restent closes et de nombreux Afghans guettent une ouverture pour pouvoir s'y réfugier. "Dans ces conditions, nous n'avons pas les moyens de récupérer les personnes à Kaboul et de les accompagner à l'aéroport en toute sécurité, assure le Quai d'Orsay. Il est aussi difficile de repérer les personnes qui sont sur nos listes et de les faire entrer." Le ministère précise cependant  travailler activement sur la question avec ses homologues étrangers. Ce qui compte est d'évacuer les personnes en détresse à l'aéroport, qu'elles détiennent un visa ou non, assure une source diplomatique à franceinfo.

Une manifestation prévue à Paris

Au total, entre 800 et 1 067 personnes ont travaillé de manière directe pour la France, entre 2001 et 2014, lorsque les troupes françaises étaient déployées en Afghanistan, estime pour franceinfo Quentin Muller, co-auteur du livre Tarjuman. Enquête sur une trahison française (éd. Bayard, 2019). Près de 300 d'entre eux ont déjà été rapatriés dans le passé. Mais depuis 2014, de nombreuses demandes d'évacuation ont été éconduites.

A Paris, des familles afghanes, d'anciens auxiliaires afghans et des avocats continuent de se mobiliser pour mettre en lumière la situation des PCRL. Une manifestation est prévue le 22 août devant le ministère des Affaires étrangères.

*Le prénom a été modifié pour préserver l'anonymat de la personne interrogée

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.