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Arrêt des caméras-piétons : le maire de Saint-Etienne espère qu'il s'agit "d'une boulette" de la part du ministère de l'Intérieur

Le maire de Saint-Étienne regrette la fin de l'expérimentation, ce qui "va mettre en danger des hommes et des femmes, qui protègent nos concitoyens".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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La fin de l'expérimentation des caméras-piétons a été annoncée dimanche 3 juin  (VALLAURI NICOLAS / MAXPPP)

Après deux ans d'expérimentation dans 300 communes en France, l'utilisation des caméras-piétons pour les policiers a pris fin "sur un bilan très positif", a annoncé le ministère de l'Intérieur dimanche 3 juin. "J’ose espérer et considérer que ce qui est en train de se passer est une boulette de la part des services du ministère de l’Intérieur", a réagi sur franceinfo Gaël Perdriau, le maire de Saint-Etienne, qui ne comprend pas cet arrêt. "Nous ne pouvons pas en matière de sécurité, laisser la moindre faille dans le dispositif. Là, il y en a une", a-t-il déploré.

franceinfo : Comment réagissez-vous à la décision du ministère de l'Intérieur d'arrêter l’utilisation des caméras-piétons ?

Gaël Perdriau : Il me semble qu’il est important que les policiers municipaux, qui sont de fait très exposés sur l’espace public pour assurer la tranquillité auprès de la population, soient aussi bien armés que les voyous et les malfrats qui peuvent intervenir n’importe où et n’importe quand. Je ne me fiche pas de la décision du ministère, mais j’aurais souhaité qu’il anticipe un peu mieux la situation, qu’il tire des premiers enseignements pendant l’expérimentation, qu’il fasse une proposition de loi, ce qui sera fait d’ailleurs dans l’urgence suite à mon intervention. Dans 10 jours, le Parlement étudiera cette proposition de loi qui donnera satisfaction à toutes les communes qui ont expérimenté les caméras piéton. Elles permettent d’apaiser les situations en cas d’interpellation, et elles servent surtout d'élément de preuve devant la justice, à la fois au service des policiers et de la population.

Quels ont été les changements de rapports entre la police municipale et la population avec l’utilisation de ces caméras-piétons ?

Les policiers sont formels : lorsqu’une interpellation dégénère, le fait que le policier indique qu’il met en route la caméra-piéton afin que la scène soit filmée, ça baisse d’un ton.

On retrouve tout de suite une situation plus calme où chacun fait attention à ce qu’il dit. C’est aussi une garantie pour les citoyens que les policiers ne sont pas au-dessus des lois, et qu’ils les respectent

Gaël Perdriau

franceinfo

Si dans l'affaire Théo, les policiers avaient eu cette caméra-piéton, peut-être qu’on n'en serait pas encore à se demander qui dit vrai. Je constate aussi que la parole des policiers est souvent remise en cause, lorsqu’on ne sait pas. Cette caméra a le mérite d’objectiver les faits. C’est à la justice de pouvoir dire ensuite qui est allé trop loin et de prendre les mesures qui s’imposent. Ce qu’il aurait fallu faire dans la situation dans laquelle se trouve notre pays, c’est tirer des conclusions des rapports des 300 villes collectés il y a quelques semaines, puis soumettre ou non la pérennité des caméras-piétons. Je constate d’ailleurs que le préfet du Nord a imposé la caméra-piéton aux sapeurs-pompiers, considérant que c’était également un moyen de les protéger. Je note toutes ces incohérences et me dis que ce n’est pas normal et que je ne peux pas fragiliser le travail des policiers municipaux dans ma ville.

Attendez-vous de la part du ministère de l’Intérieur qu’il décide d’oublier la fin de l’expérimentation ?

Je suis un républicain, je suis respectueux de la loi. Dans le contexte que nous connaissons aujourd’hui, nous ne pouvons pas en matière de sécurité, laisser la moindre faille dans le dispositif. Là, il y en a une. Je n’enfreindrai pas la loi, mais on ne peut pas avoir un président de la République qui, le 22 mai, appelle les maires à avoir davantage de coopération et de collaboration entre la police municipale et la police nationale, et prendre 15 jours après, une première décision qui retire les caméras-piétons, qui ne sont pas non plus des outils révolutionnaires. N’importe qui aujourd’hui, lors d’une altercation, sort son téléphone portable pour filmer la scène. Les policiers qui sont en charge de notre sécurité ne pourraient pas le faire ? On voit bien l’absurdité de la situation.

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