: Reportage "Économie de guerre" : l'usine Eurenco de Bergerac va doubler sa production de poudre destinée aux munitions
Passer à une "économie de guerre". C'est le but affiché d'Emmanuel Macron depuis le printemps 2022. Cela implique surtout de renforcer considérablement les capacités de production de l'industrie de défense française, et cela passe avant tout par la production massive de munitions. La poudre, composant de base de ces munitions, se trouve en quantité limitée. Mais à Bergerac, en Dordogne, la société Eurenco s'apprête à doubler sa production.
Le site de Bergerac est immense, autour de 150 hectares. À première vue, il ne paie pas de mine avec ses vieux bâtiments industriels et sa cheminée décatie. C'est pourtant là que l'on produit les composants de base des poudres, notamment la nitrocellulose. Sur cette ligne de production, largement robotisée, on produit des charges modulaires de nitrocellulose pour les canons d'artillerie comme le Caesar. Une charge propulse un obus à 5 km, alors que six charges (on peut en mettre 6 dans un Caesar) propulsent le même projectile à 40 km. Et sur ce point, l'entreprise a mis les bouchées doubles.
"Aujourd'hui nous faisons 500 000 charges, 90 000 coups complets. Nous allons doubler et nous allons encore augmenter la performance de ces lignes. Globalement, nous allons monter à 1,2 million de charges, c’est-à-dire 200 000 coups complets, sur le site de Bergerac", explique le PDG, Thierry Francou. Près de 200 000 coups de canon par an à terme, dont 80% seront destinés à l'Ukraine. Cette performance industrielle ravie le délégué général à l'armement, Emmanuel Chiva, qui remarque que ces usines d'armement sont largement reproductibles. "C'est un modèle aussi pour d'autres pays qui veulent avoir les mêmes usines", note-t-il.
"Là on est vraiment sur des nouvelles technologies appliquées à de la production. Le niveau de robotisation qu'on a ici est assez remarquable."
Emmanuel Chiva, Délégué Général à l'Armementà franceinfo
"Robotisation, optimisation des chaînes, optimisation des cadences, et donc bientôt une nouvelle usine qui nous permettra de doubler la production", se réjouit Emmanuel Chiva. Actuellement, la France ne peut livrer à l'Ukraine que 3 000 obus par mois, avec leurs charges. Dans un an ce sera au moins deux fois plus.
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