Le caporal-chef Maxime Blasco tué au Mali par "un tireur embusqué" selon le porte-parole du ministère des Armées, l'assaillant a été "neutralisé"
Le caporal-chef Maxime Blasco du 7ème bataillon de chasseurs alpins de Varces est mort lors d'une opération militaire au nord de la frontière entre le Mali et le Burkina Faso vendredi.
Hervé Grandjean, porte-parole du ministère des Armées, donne samedi 25 septembre au matin sur franceinfo des détails sur les circonstances de la mort en opération à la frontière du Mali et du Burkina Faso du caporal-chef Maxime Blasco du 7e bataillon de chasseurs alpins de Varces (Isère). "Une trentaine de commandos ont été déployés à terre et c'est dans une zone boisée, dense, qu'un tireur embusqué, un tireur terroriste, a tiré, a pris à parti les forces françaises", détaille-t-il. "Le caporal-chef Blasco a été blessé très grièvement et il est décédé très rapidement des suites de ses blessures", poursuit-il. "Le tireur, lui a été neutralisé dans la foulée."
franceinfo : Que s'est-il passé exactement ?
Hervé Grandjean : Hier (vendredi) matin dans la région de Gossi, à une quinzaine de kilomètres au nord de la frontière entre le Mali et le Burkina-Faso, un drone français a repéré un groupe armé terroriste, une dizaine de terroristes en armes. Aussitôt, une patrouille d'hélicoptères de combat Tigre a décollé ainsi que des hélicoptères de manœuvres qui emportaient des commandos pour reconnaitre la zone. Une trentaine de commandos ont été déployés à terre et c'est dans une zone boisée, dense, qu'un tireur embusqué, un tireur terroriste, a tiré, a pris à parti les forces françaises. C'est dans ces circonstances que le caporal-chef Blasco a été blessé très grièvement et il est décédé très rapidement des suites de ses blessures. Il avait été pris en charge immédiatement par l'équipe médicale mais il a succombé à ses blessures très rapidement. Le tireur, lui a été neutralisé dans la foulée par les commandos qui étaient déployés à terre.
L'armée française est-elle encore extrêmement active dans cette phase de désengagement ?
Tout à fait, c'est une transformation de l'opération Barkhane, une réarticulation pour s'adapter à la menace, à sa dissémination. Il y a, en ce moment, des fermetures de bases dans le nord du Mali, à Kidal, Tessalit, à Tombouctou. La zone d'engagement où le caporal-chef a perdu la vie est une zone dans le sud du Mali, une zone où il y a malheureusement énormément d'actions terroristes et où la France reste très engagée pour un objectif : éviter que cette zone ne devienne un sanctuaire de terroristes qui pourraient frapper la France. Il y a quelques semaines, nous avons neutralisé l'émir de l'Etat islamique au Grand Sahara, Adnan Abou Walid al-Sahraoui, un grand chef terroriste donc nous contribuons à désorganiser ces organisations terroristes, que ce soit les filiales de Daech ou d'Al-Qaïda au Sahel.
N'avez-vous pas le sentiment que ces éliminations renforcent la détermination des terroristes ?
Il y a localement au Sahel une montée en puissance des forces armées locales, maliennes, nigériennes, tchadiennes qui prennent le relais. Il y a vraiment une montée en compétence, une montée en puissance, des forces armées locales qui prennent le relais français. Il y a aussi des Européens dans le cadre de la Task Force Takuba, des forces spéciales de neufs pays européens qui luttent à nos côtés contre les groupes armés terroristes. C'est évidemment un combat très difficile, c'est une menace protéiforme qui peut d'une certaine manière se régénérer mais notre stratégie de harcèlement de ces groupes terroristes et de neutralisation des grands chefs terroristes nous semble porter ses fruits.
Avez-vous le sentiment qu'il y a un problème de formation de ces armées locales ? Ont-elles vraiment les moyens de faire ce qu'on leur enseigne ?
Ce sont des armées valeureuses. Cela fait huit ans que l'on est impliqués au Sahel. Les armées locales à nos côtés ont énormément monté en compétences, ont appris énormément de choses et la preuve la plus patente c'est que dans des grandes opérations que nous avions montées il y a quelques mois avec deux à trois mille soldats impliqués, la moitié étaient des soldats africains. Nous menons des opérations de combats, de harcèlement contre des groupes terroristes qui par essence sont très dangereux. La neutralisation de très nombreux leaders que ce soit de la filiale de l'Etat islamique au Grand Sahara ou de la filiale d'Al Quaida au Sahel montre que cette stratégie porte ces fruits et que nous contribuons à désorganiser durablement ces entreprises terroristes.
Les événements actuels nous montrent-ils qu'il faut partir pour protéger nos troupes, ou bien qu'il va falloir rester car rien n'est résolu ?
D'abord, nous restons à la demande des États du Sahel. Le président de la République n'a eu de cesse de demander confirmation que la présence française était bien souhaitée. Confirmation apportée notamment par les autorités maliennes. C'est la première raison évidente pour laquelle nous restons. La deuxième raison est que nous souhaitons éviter que cette zone du Sahel ne devienne un sanctuaire depuis lequel seraient organisés des attentats envers les Français. En étant déployés au Sahel, nous luttons pour la sécurité des Français.
Certains observateurs parlent tout de même dans cette zone d'un "califat en peau de léopard", c'est-à-dire pas d'unité territoriale mais les terroristes seraient durablement installés. Qu'en pensez-vous ?
Il y a une dissémination de la menace. On voit une progression de ces groupes terroristes vers le sud, vers le Golfe de Guinée. C'est aussi une des raisons pour lesquelles il y a une réarticulation permanente du dispositif Barkhane dont le président de la République a annoncé la fin. Nous avons à peu près 5 000 soldats français aujourd'hui déployés sur le terrain, ils devraient être 2 500 à 3 000 à terme. Nous avons engagé cette transformation qui va s'opérer jusqu'à la fin de l'année pour la fermeture des bases du Nord avec un dispositif que nous finirons de réarticuler très certainement l'année prochaine.
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