Otan : ce qui se cache derrière la hausse des dépenses militaires de la France, à hauteur de 2% du PIB en 2024
La France remplira bien l'objectif fixé à l'ensemble des membres de l'Otan : accorder 2% de son PIB aux dépenses militaires en 2024. C'est ce qu'a affirmé, jeudi 15 février, le ministre de la Défense Sébastien Lecornu, depuis Bruxelles où il s'est réuni avec ses homologues de l'Alliance. La France, qui veut presque doubler son budget militaire d'ici à 2030 par rapport à 2019, prévoyait initialement d'atteindre cet objectif en 2025.
Investir dans des drones ou des armes hypersoniques
Ces 2% du PIB vont servir pour les rémunérations des militaires de l'armée de terre et de la marine, mais aussi pour les contrats passés auprès des entreprises de l'armement, en majorité française, comme Thalès, Dassault, Safran et les chantiers navals, pour des navires, des avions de combat et des munitions. Il y aura aussi des investissements dans de nouveaux domaines : drones sous-marins, drones kamikazes ou encore armes hypersoniques allant à plus de 6 000 km/h. Des armes extrêmement difficiles à intercepter et à détruire.
Mais la majorité des dépenses à venir seront consacrées à la dissuasion nucléaire avec l'acquisition de nouvelles têtes nucléaires, de nouveaux missiles et de nouveaux avions Rafale et sous-marins pour les lancer. Ce qui représente environ 60% des dépenses prévues par la loi de programmation militaire votée et promulguée à l'été 2023.
Des dépenses en nette hausse, mais...
Au total, toutes dépenses comprises, la France doit dépenser un peu plus de 413 milliards d'euros entre 2024 et 2030. C'est 40% de plus que ce qui était inscrit dans la loi de programmation précédente, pour la période 2019-2025. Une augmentation très importante qui explique en partie pourquoi Sébastien Lecornu affirme que l'objectif des 2% du PIB sera atteint dès 2024. La France en était déjà très proche en 2023 puisque 1,9% de son PIB était alloué aux dépenses militaires.
Cet objectif se rapproche également grâce aux perspectives de croissance plutôt faibles. En effet, pour calculer ce pourcentage de 2% du PIB, il faut comparer le total des dépenses militaires au PIB, donc à la richesse produite. Quand le PIB augmente peu et quand la croissance est faible, comme en ce moment, la somme que représentent les 2% est moins élevée. Il faut donc faire un peu moins d'effort de dépenses militaires pour atteindre ces 2%. À l’inverse, il faudrait davantage dépenser si la croissance était plus dynamique.
De fortes disparités entre pays
Si la France va remplir son objectif cette année, d'autres pays font mieux. La Pologne est la meilleure élève puisque son budget défense représente presque 4% de son PIB en 2023, soit près de 14 milliards d'euros, notamment à cause de la menace russe à ses portes. Des pays frontaliers de Moscou dépassent aussi les 2%, toujours selon l'OTAN. C'est le cas de la Finlande, et des trois pays baltes, Estonie, Lettonie, Lituanie. Les États-Unis et la Grèce sont au-dessus.
Mais l'intégralité de cette enveloppe ne sert pas à acheter des armes, des avions, des sous-marins et des tanks, ou à investir dans la recherche militaire. L'OTAN intègre dans ses calculs les pensions versées aux vétérans, aux militaires retraités. Par exemple, en France, cela doit coûter un peu plus de 9 milliards d'euros cette année.
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