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La France réalise son premier tir de drone armé au Sahel : "Plus besoin d'attendre le soutien de l'aviation, nous pourrons traiter directement une cible fugace"

Le ministère des Armées a annoncé jeudi le "premier tir d'expérimentation" d'un drone armé. Un nouvel atout dans l'arsenal de la lutte contre les groupes armés terroristes au Sahel. Ces drones, dont la mission première reste le renseignement, vont désormais pourvoir détruire des "cibles d'opportunité". 

Article rédigé par franceinfo - Franck Cognard
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Sur la base aérienne de Niamey, au Niger, un drone Reaper MQ-9 emportant une bombe GBU 12, le 15 décembre 2019 (ETAT-MAJOR DES ARMÉES / ARMÉE DE L'AIR)

A partir de ce jeudi 19 décembre, chaque Reaper MQ-9 décollera armé. Maintenant que le "tir d'expérimentation" est fait, les drones quitteront leur base "chargés", au cas où ils repéreraient une cible. Sur leur base de Niamey, les Reaper ont un traitement de faveur : ils dorment à l'abri, dans de grands hangars de couleur sable, et ils ont la climatisation. Les Mirage 2000, les avions de chasse, installés quelques dizaines de mètres plus loin sur la base aérienne de Niamey, dorment eux dehors. Ce n'est pas une question de fragilité, mais plutôt de discrétion pour ce "système" de trois drones. 

Bombes guidées par laser et GPS

Le Reaper a des ailes de planeur, 20 mètres d'envergure, un fuselage fin de 11, et son hélice est à l'arrière. Jusque-là, rien de nouveau, ce drone acheté aux Américains est en service dans l'armée de l'air depuis 2014. La nouveauté se trouve sous les ailes, avec ces quatre supports métalliques, sous lesquels sont accrochées désormais une ou des bombes guidées laser et GPS. Revers de la médaille : là où un Reaper "nu" peut tenir plus de 12 heures en vol, un Reaper armé voit son autonomie réduite de 20%, à cause de la charge. 

Le drone va rester une plate-forme ISR, renseignement, surveillance et reconnaissance, mais avec la capacité supplémentaire de traiter une cible qui se dévoile brièvement.

le colonel Hugues Pointfer, commandant de la base aérienne de Niamey

à franceinfo

Au sein de l'Armée de l'air, le discours est clair depuis l'officialisation, en septembre 2017, de l'armement des Reaper : les drones ne sont pas là pour frapper, ils sont là pour recueillir du renseignement. Jusqu'à ce jour, "quand un drone repérait une cible, c'est l'aviation de chasse, ou les hélicoptères qui intervenaient et faisaient feu", explique l'un des pilotes déployés à Niamey, le lieutenant-colonel Matthieu, "avec le Reaper armé, , nous pourrons traiter directement une cible fugace". 

Quatre personnes par drone

Entre l'annonce par Florence Parly de l'armement des drones français au Sahel, et la première frappe, deux ans et trois mois se sont écoulés. "Comme ces drones sont américains", détaille le colonel Pointfer; "il a fallu avoir une autorisation, puis créer une chaîne logistique pour acheminer les équipements et les installer sur la machine, et enfin former les pilotes, aux Etats-Unis. Tout ça prend du temps". 

Sur la base aérienne de Niamey, au Niger, la cabine de renseignements d'un drone Reaper MQ-9, le 15 décembre 2019.  (ETAT-MAJOR DES ARMÉES / ARMÉE DE L'AIR)

Cette tutelle américaine n'empêche pourtant pas les français "d'opérer" différemment leurs drones. Les Reaper américains déployés au Sahel sont pilotés depuis une base située dans le Nevada, aux Etats-Unis. Les pilotes français, eux, sont installés à Niamey, dans une sorte de container baptisé Ground Control System, et ils vivent au vrai rythme d'une mission de combat, au milieu des autres militaires. "Les pilotes américains frappent une cible, rentrent chez eux le soir en passant faire les courses, c'est un peu déroutant. En étant sur le terrain, nous sommes dans l'état d'esprit d'une opération extérieure", confiait il y a quelques mois un officier de l'Armée de l'air.

Autre particularité française, les équipages de drones sont constituées de quatre personnes, et non de deux : un pilote, un opérateur-capteur, qui contrôle la caméra, un officier renseignement, et un analyste images, qui est, selon le lieutenant-colonel Matthieu, "les yeux d'or de l'Armée de l'air, comme la Marine a ses oreilles d'or pour identifier les bruits sous-marins". 

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