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Recadrage du chef d'état-major par Emmanuel Macron : "Il a dramatisé un débat qui n'est pas illégitime"

Le journaliste du "Point" Jean Guisnel a estimé, vendredi sur franceinfo, qu'Emmanuel Macron a déclenché une crise en rappelant à l'ordre les militaires après les protestations du général Pierre de Villiers sur les restrictions budgétaires pour l'armée.

Article rédigé par franceinfo
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Emmanuel Macron et le chef d'état-major des armées, le général Pierre de Villiers, le 14 juillet 2017, à Paris. (ALAIN JOCARD / AFP)

"Je suis votre chef" : Emmanuel Macron a rappelé les militaires à l'ordre, jeudi 13 juillet, lors d'un discours au ministère des Armées, à Paris. Ce recadrage est "très injuste", a estimé Jean Guisnel, journaliste au Point, et spécialiste des questions stratégiques et de sécurité, vendredi 14 juillet sur franceinfo. "Le président a surréagi" car le chef d'état-major des armées, le général Pierre de Villiers, avait protesté contre les restrictions budgétaires devant une commission parlementaire à huis clos.

franceinfo : Comment qualifiez-vous ce recadrage d'Emmanuel Macron, est-il très voire trop sévère ?

Jean Guisnel : Il est surtout très injuste parce que le général de Villiers ne s'est pas exprimé publiquement. Il a parlé dans un cadre défini, parfaitement légal, qui est celui de la commission de la Défense et des Forces armées de l'Assemblée nationale. Pour que les institutions fonctionnent, il faut que les grands chefs militaires puissent s'exprimer devant la représentation nationale. Il n'y a pas de faute, pas d'erreur, pas de manquement au devoir de réserve dans cette affaire.

Est-ce qu'un président a déjà tenu un tel propos sur un tel ton à de hauts gradés de l'armée française ?

Il n'y a pas besoin de le dire. Si les présidents précédents ne l'ont pas exprimé sous cette forme, c'est parce qu'il n'y avait aucun besoin de le dire. Et là non plus, il n'avait pas besoin de le dire. Personne dans les armées n'a jamais contesté l'autorité du président Macron. Jamais, depuis le putsch en 1961, il n'y a eu de contestation de la prééminence du politique sur les armées. Cela n'a pas de sens de prendre les choses de cette manière.

Cela préfigure-t-il de relations tendues entre Emmanuel Macron et les militaires ?

Cela ne préfigure pas, on est dedans. Le président a choisi de dramatiser un débat qui n'est pas illégitime. Quand l'exécutif demande aux armées de conduire autant de missions, de faire autant d'efforts dans des conditions aussi difficiles, y compris budgétaires, il est parfaitement légitime qu'un chef militaire dise : "Attendez, là, il nous faut plus de moyens". Je ne vois rien de choquant dans tout ça. Je pense que le président a surréagi, il a besoin de démontrer qu'il a une autorité sur les armées, mais ça, personne ne le conteste. La crise est installée, il va falloir trouver un moyen d'en sortir.

"La crise est installée, il va falloir trouver un moyen d'en sortir", Jean Guisnel

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