: Vidéo "L'armée a étouffé l'affaire" : victime présumée d'un viol, elle dénonce une prise en charge désastreuse selon elle
La ministre des Armées, Florence Parly, a fait de l'intégration des femmes son cheval de bataille. Auparavant, en 2014, l'institution s'est dotée d'une cellule dédiée à la lutte contre les violences sexuelles. Mais au-delà de la communication, certains témoignages pointent une prise en charge parfois défaillante. Extrait de "Complément d'enquête" du 6 janvier 2022.
Pour Louise, "l'armée, ça a toujours été un rêve", et son métier "une réelle fierté". A 18 ans, elle s'est engagée comme mécanicienne armement. Après quatre années de service, elle choisit de rejoindre la base aérienne de Nancy-Ochey, en Meurthe-et-Moselle. En 2020, en mission à Niamey, au Niger, elle dit avoir été victime d'un viol lors du réveillon de Noël, dont elle ne se souvient que par flashs. C'est la douleur, explique-t-elle, qui lui a fait prendre conscience de ce qui se passait. Le lendemain, elle dépose plainte contre son violeur présumé à la gendarmerie du camp, et se rend à l'infirmerie. En état de choc, la jeune femme demande un rapatriement d'urgence en France. Mais à partir de ce moment-là, selon elle, sa prise en charge a été déplorable.
"Personne ne veut me faire rapatrier, le médecin me propose même, après ce qui s'est passé, de retourner au travail : peut-être, me dit-on, que ça va me changer les idées, il fallait peut-être que je relativise…"
Louise, mécanicienne dans l'armée, victime présumée d'un viol au cours d'une missionà "Complément d'enquête"
Louise déplore le manque d'écoute du service médical, qui n'aurait eu pour toute réponse, avant son rapatriement une semaine plus tard, que la camisole chimique : "Valium et Tercian à fortes doses. J'étais complètement shootée", affirme-t-elle. Les médecins de l'armée sont-ils formés à l'accueil d'une victime de viol ? Interrogé, le service de santé des Armées répond par l'affirmative, mais refuse de commenter cette affaire.
"Cet événement m'a fait développer une haine du monde militaire"
Selon les conclusions de la cellule Thémis, chargée des enquêtes internes de l'armée sur les cas de violences sexuelles, "les investigations conduites n'ont pas permis de caractériser ces faits, [car] tous les témoignages ne concordent pas". Le violeur présumé, qui dément l'absence de consentement, serait toujours en poste au sein de l'armée. Louise, elle, est en arrêt maladie longue durée. Dépressive, elle souffre d'agoraphobie, et a été placée sous anxiolytiques.
Depuis ce traumatisme, Louise a développé "une haine du monde militaire". "Pour moi, l'armée a étouffé l'affaire. Cette personne, elle, est toujours au travail, et n'a eu aucun compte à rendre", dénonce la jeune femme, qui "ne sai[t] pas comment appréhender l'avenir, et comment [se] reconstruire sans jugement et sans reconnaissance de ce qui s'est passé ce soir-là". L'enquête judiciaire est toujours en cours.
Extrait de "Harcèlement dans l'armée : des militaires brisent le silence", un document à voir dans "Complément d'enquête" le 6 janvier 2022.
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