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Greenpeace fustige "l'obsolescence programmée" des géants de l'informatique Apple, Microsoft et Samsung

L'ONG Greepeace reproche aux géants technologiques, leur "volonté" de créer des produits difficiles à réparer et à la durée de vie trop courte.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Claviers d'ordinateurs et téléphones portables mis au rebut, au centre de recyclage de Yongin, au sud de Séoul, en Corée du sud. (ED JONES / AFP)

"Apple, Samsung et Microsoft conçoivent des produits avec la volonté de les rendre de plus en plus difficiles à réparer pour les utilisateurs" a condamné Greenpeace, mardi 27 juin, dans une étude portant sur les appareils électroniques de grande consommation, comme les smartphones, ordinateurs portables, et tablettes. Apple, Samsung et Microsoft sont les entreprises qui produisent les produits les moins durables. Ce qui se solde aussi, selon l'ONG, par une quantité importante de déchets électroniques.

Greenpeace appelle le secteur des high-tech à concevoir des produits qui durent "au moins sept ans" et à "promouvoir des standards et des lois qui encouragent les produits réparables".

Apple dernier du palmarès

Avec le site collaboratif iFixit, l'ONG s'est penchée sur 44 produits parmi les plus vendus entre 2015 et 2017, en leur attribuant des notes de 1 à 10 selon leur capacité à être réparés. L'étude comporte plusieurs critères : la facilité de remplacer leur batterie ou leur écran, la disponibilité des pièces de rechange et des manuels de réparation, la nécessité ou non d'avoir des outils spécifiques pour les remettre en état.

Le cancre de ce palmarès est Apple. Côté ordinateurs portables, le Retina MacBook et le MacBook Pro 13 obtiennent chacun 1/10. Côté smartphones, Samsung est aussi particulièrement mal noté : ses Galaxy S7 et S7 Edge obtiennent 3 sur 10, son Galaxy S8 seulement 4/10. Microsoft n'obtient que 1/10 pour sa tablette Surface Pro 5 et son ordinateur protable Surface Book.

Apple, Samsung et Microsoft conçoivent des produits avec la volonté de les rendre de plus en plus en difficiles à réparer pour les utilisateurs.

Gary Cook, spécialiste des high-tech chez Greenpeace

Communiqué Greenpeace

Gary Cook, spécialiste des high-tech chez Greenpeace pointe les conséquences d'un tel système sur l'environnement : "Ils raccourcissent la durée de vie de ces appareils et contribuent à l'augmentation du stock de déchets électroniques."

"C'est de l'obsolescence programmée", dénonce Robin Perkins, qui a coordonné l'étude pour Greenpeace. Car, outre les finances du consommateur, les déchets électroniques représentent un réel problème. Selon un rapport publié en  2015 par l'Université des Nations unies, le poids de ceux-ci avait atteint le record de 41,8 millions de tonnes (dont 3 millions pour les seuls appareils des high-tech) en 2014, et devrait se situer à 47,8  millions en 2017.

Tous ces appareils fabriqués par milliards ont un impact énorme sur la planète parce que leur production nécessite énormément d'énergie, de ressources naturelles et de produits chimiques

Robin Perkins, coordinateur de l'étude de Greenpeace

Communiqué Greenpeace

Greenpeace souligne également les efforts des "premiers de la classe", comme la marque néerlandaise Fairphone qui obtient un 10/10 pour son smartphone Fairphone, un téléphone pour lequel, de la batterie à l'écran en passant par la prise audio, quasiment toutes les pièces peuvent être remplacées. "Cela montre qu'il est possible de concevoir des produits en intégrant la notion de réparabilité", assure Gary Cook.

Proposition de loi européenne

En Europe, le Parlement doit voter, le 3 juillet, une proposition de résolution intitulée "Une durée de vie plus longue des produits : avantages pour les consommateurs et les entreprises". À l'initiative du député européen écologiste Pascal Durand, elle invite la Commission européenne à "développer le droit à la réparabilité des produits".

En France, la loi sur la transition énergétique de juillet 2015 a introduit un délit d'obsolescence programmée (c'est-à-dire une réduction délibérée de la durée de vie d'un produit pour accélérer son remplacement), sanctionné de deux ans de prison et 300 000 euros d'amende.

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