Les Etats-Unis restituent à une Française un tableau de Renoir spolié par les Nazis

Les autorités américaines ont restitué, mercredi 12 septembre, à la petite-fille française d'un collectionneur juif, un tableau de Pierre-Auguste Renoir, qui avait été volé par les Nazis. Intitulé Deux femmes dans un jardin, et peint l'année de la mort de Renoir, en 1919, le tableau a été remis à Sylvie Sulitzer, petite-fille du collectionneur Alfred Weinberger, lors d'une cérémonie officielle organisée par le Museum of Jewish Heritage, à New York.

La toile avait été confiée en 2013 à la maison d'enchères Christie's, qui avait alors émis des doutes sur la provenance de la toile et contacté les autorités. Les services du procureur fédéral de Manhattan et le FBI ont alors enquêté sur l'histoire du tableau, avant de contacter Sylvie Sulitzer. Son grand-père Alfred Weinberger avait fui Paris, où il vivait, après l'invasion allemande de 1940, laissant, dans un coffre de la banque Morgan, sa collection, saisie en 1941 par les Nazis. A la fin de la guerre, la collection avait été dispersée et Alfred Weinberger, revenu à Paris, n'avait pu en récupérer qu'une partie.

"J'aurais adoré pouvoir le garder"

Sylvie Sulitzer ignorait cette histoire avant qu'un cabinet d'avocats allemand, von Trott zu Solz Lammek, ne la contacte, au début des années 2010. Le cabinet, spécialisé dans la recherche d'œuvres spoliées par les Nazis, disposait de la liste des toiles qu'Alfred Weinberger n'avait jamais récupérées. Par le biais de ce cabinet, les autorités américaines ont ainsi pu retrouver Sylvie Sulitzer et lui restituer le tableau.

"Je suis vraiment reconnaissante de pouvoir montrer à ma famille bien-aimée, où qu'elle soit, qu'après tout ce qu'ils ont traversé, il y a une justice", a déclaré Sylvie Sulitzer. Manquent encore à l'appel quatre tableaux de Renoir et un Delacroix, dont il n'existe, à ce jour, aucune trace, selon elle. Sylvie Sulitzer va sans doute vendre le tableau, car elle ne dispose pas des fonds nécessaires pour rembourser l'Etat français, qui l'a indemnisée dans le cadre de la Commission d'indemnisation des victimes de spoliation (CIVS). Doit être remboursée également la compensation financière reçu de l'Etat allemand. "J'aurais adoré pouvoir le garder", a-t-elle dit.