: Vidéo Dans son roman "La Discrétion", Faïza Guène rend hommage aux mères immigrées
Comme sa propre mère, elles sont nombreuses à avoir relevé le défi d'élever leurs enfants dans un pays qui n'était pas le leur. Avec son roman "La Discrétion", Faïza Guène rend hommage aux mères immigrées.
"Ce jour là, Hannah a fait un scandale à la préfecture. L'agent d'État derrière sa vitre se met à parler très fort en articulant lentement pour s'adresser à Yamina. On dirait qu'elle gronde une gamine. Une histoire de documents manquants. Et Hannah, qui est la plus sensible de la fratrie, lui fait d'abord remarquer : "Elle n'est pas débile. Pas la peine de lui parler comme ça." Hannah pourrait en pleurer. Chaque fois qu'on se montre condescendant avec sa mère, il lui semble qu'elle rétrécit sous ses yeux comme un vêtement lavé à haute température à la machine."
Cet extrait est tiré du roman "La Discrétion" de Faïza Guène. C'est l’autrice elle-même qui a choisi cet extrait où la protagoniste du roman se retrouve à la préfecture avec sa fille. Pour Faïza Guène, cette scène est "ordinaire" pour "plein de gens" au quotidien. "L'agent d'État, derrière la vitre, à la préfecture, de la ville à la préfecture, elle se montre condescendante, méprisante envers la mère. Et donc on a la fille qui est sur le point d'exploser, qui, elle, ne supporte pas le fait d'être témoin de l'humiliation de sa maman", raconte-t-elle. Dans ce roman, Faïza Guèn raconte l'histoire familiale de Yamina, mère exilée algérienne. "Yamina, c'est le personnage principal du roman. Elle a 70 ans aujourd'hui. Elle vit à Aubervilliers. C'est une mère de famille ordinaire qui prend le bus pour aller faire le marché, qui fait de l'agneau le samedi pour ses enfants qui viennent déjeuner à la maison", détaille-t-elle.
Des existences effacées ?
Dans son roman, Faïza Guèn dit avoir voulu chercher ce qu'il y a derrière cette existence un peu "effacée". "C'est-à-dire sa naissance en 49 dans un village en Algérie et tout ce qu'elle traverse et qui va la faire devenir cette femme silencieuse", continue l'autrice. Elle poursuit : "J'avais envie de montrer que derrière cette femme, il y avait une petite fille qui avait des rêves. Il y avait une adolescente, il y a une femme qui a traversé la guerre, qui a connu l'exil, qui avait une idée de l'amour et surtout, qui avait au fond d'elle une résistante et que ça aussi, ça s'est transmis."
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