Avec 14 000 appels en un an, la plateforme anti-discriminations tire un premier bilan
Créée il y a un an, après l’affaire Michel Zecler, ce producteur de musique noir agressé par des policiers, la plateforme anti-discriminations fête aujourd’hui son premier anniversaire. L’objectif, comme son nom l’indique : lutter contre les discriminations, sous toutes leurs formes, sous la houlette de la Défenseure des droits.
"Anti-discriminations bonjour !" Sept écoutants judiciaires répondent aux appels du 3928 : le téléphone peut sonner plus de cinquante fois par jour. "On va prendre un long moment pour les écouter, pour essayer de les mettre à l'aise, indique un écoutant, parce qu'on peut rencontrer tous types de personnes, dans de multiples états : en colère, apeuré, hésitant. Donc on écoute leur situation, et on procède à un examen rapide juridique de la situation."
Créée il y a un an, après l’affaire Michel Zecler, ce producteur de musique noir agressé par des policiers, la plateforme anti-discriminations fête son premier anniversaire. L’objectif, comme son nom l’indique : lutter contre les discriminations, sous toutes leurs formes, sous la houlette de la Défenseure des droits.
La loi reconnaît 25 types de discriminations : l’origine, le handicap, et l’état de santé sont les plus souvent signalées sur la plateforme. "On va leur poser des questions, détaille une autre écoutante, pour voir si, à travers leur récit, on constate une discrimination c'est-à-dire un traitement défavorable basé sur un critère prohibé par la loi. L'écoute va être le moment-clé pour déceler si oui ou non il y a cette discrimination."
En un an, la plateforme anti-discriminations a reçu 14 000 appels, mais on peut aussi contacter les écoutants via le tchat, sur internet. C’est ce qu’a fait Mélanie, témoin d’une discrimination, l’été dernier, à Nantes. Elle venait en aide à une personne qui s'était faite agresser : elle a appelé les pompiers et son échange avec l’opérateur ne s’est pas passé comme prévu.
"Au bout d'à peine une minute d'échanges, elle m'a demandé si la personne était noire. J'étais un peu décontenancée, et j'ai répondu 'non'. Elle m'a ensuite demandé si la personne était d'origine rom, si elle était bien habillée."
Mélanie, témoin de discriminationà franceinfo
"J'ai fini par m'énerver et par lui dire : 'Je ne vois pas en quoi ces questions-là peuvent orienter votre diagnostic' et il a interrompu l'appel ! En revenant chez moi après cet événement, j'étais pleine de colère", conclut la jeune femme.
Chaque appel dure en moyenne 20 minutes
Après le premier contact, c’est un juriste comme Robert qui prend en charge le dossier. "Nous pouvons mener l'instruction auprès du mis en cause, explique-t-il. Cette personne est obligée de nous fournir des justifications pour argumenter la raison de son comportement. C'est une enquête menée de manière impartiale en respectant le principe de contradictoire, on a une position d'administration indépendante. On essaye de voir s'il y a des éléments laissant penser à une discrimination."
Dans la majorité des cas, le règlement se fait à l’amiable. La durée moyenne des appels est de 20 minutes, "énorme", selon la Défenseure des droits, Claire Hédon, qui salue l’utilité de la plateforme. "Nos juristes parviennent de temps en temps à arranger la situation, simplement par le dialogue, en passant un coup de téléphone à l'auteur de la discrimination, souvent un employeur", souligne-t-elle. "Ce point-là est important, car ce que demandent les victimes de discrimination, c'est d'être rétablies dans leurs droits".
"Avec tous les baromètres et les études qu'on a menées, on connaît l'effet délétère de ces discriminations. Evidemment sur la vie professionnelle, mais aussi sur la vie familiale, sur l'accès au logement, sur la santé physique et psychique, et puis sur la cohésion de la société."
Claire Hédon, Défenseure des Droitsà franceinfo
Claire Hédon voudrait aller plus loin en créant un Observatoire et des campagnes d’information contre les discriminations.
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