Le ministère de la Justice veut engager des communicants pour venir en aide aux magistrats
Le ministère de la justice a prévu une enveloppe de 500 000 euros par an pour payer ces communicants, une prévision seulement, qui dépendra toutefois du nombre d'interventions.
Des communicants professionnels pour briefer les magistrats. L'idée vient du ministère de la justice, qui a lancé fin juillet un appel d'offres afin de recruter des entreprises privées spécialisées dans la communication judiciaire. L'objectif est d'ainsi aider les magistrats à mieux et plus communiquer lors d'évènements très médiatisés, comme c'était le cas encore en début de semaine avec le meurtre du père Olivier Maire en Vendée.
Pallier une surcharge de travail
Lundi 9 août à 12h40, le ministre de l'Intérieur annonce sur Twitter la mort d'un prêtre, tué en Vendée à La-Roche-sur-Yon. Immédiatement le parquet croule sous les appels des médias mais refuse de communiquer. Il faut alors attendre la fin d'après midi pour que le vice-procureur cède à la pression, en improvisant une conférence de presse.
C'est un exemple parmi tant d'autres d'une petite juridiction qui se retrouve noyée par les sollicitations, tout en devant gérer une enquête parfois complexe. "Quand vous avez une affaire qui est extrêmement médiatisée comme ça, vous avez en général un procureur sur place qui gère l'enquête", explique la porte-parole du ministère de la Justice Emmanuelle Masson. "Et puis, vous avez tout le reste des affaires que le parquet doit continuer à gérer. Globalement, il se retrouve en difficulté à gérer en plus l'afflux des demandes médiatiques", ajoute-t-elle.
Mieux communiquer
D'où l'intérêt, d'après le ministère, de pouvoir faire appel à des experts en communication, afin, selon les besoins, de répondre aux appels des journalistes, d'aider à l'écriture des communiqués, ou encore organiser les conférences de presse.
Toutefois, beaucoup de magistrats sont encore réticents à communiquer : "Est-ce qu'on va révéler des éléments qu'il faut tenir secret ? Est-ce qu'on va parler trop tôt ? Est-ce qu'on va trop loin ? C'est toujours un peu l'hésitation, et c'est, à mon avis, une des explications", confie le magistrat Jacques Dallest, qui supervise les cours de communication judiciaire à l'école nationale de la magistrature. Il estime qu'il faut évoluer sur ce point.
"La justice ne va pas, elle aussi, se lancer dans un tourbillon de communication."
Katia Dubreuil, magistrateà franceinfo
"Bien sûr que dès qu'on a les éléments, il est bon de pouvoir communiquer pour éviter les fausses rumeurs, pour remettre les choses à l'endroit", répond la présidente du syndicat de la magistrature Katia Dubreuil qui estime néanmoins qu'"on ne peut pas entraîner la justice dans un monde de communicants. L'agence de communication n'a pas forcément sa place dans la communication de la justice."
Pour le syndicat de la magistrature, il faudrait plutôt former en interne des magistrats dédiés à la communication, pour éviter notamment que des entreprises privées aient accès à des enquêtes couvertes par le secret de l'instruction.
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