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Vidéo Pierre Moscovici a tenté "de saborder l'enquête" : Fabrice Arfi de Mediapart revient sur l’affaire Cahuzac

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Brut : Fabrice Arfi
Brut : Fabrice Arfi Brut : Fabrice Arfi
Article rédigé par Brut.
France Télévisions

Comment elle aurait pu rester secrète, la force de conviction de Jérôme Cahuzac, ce qu’elle dit de nos institutions… Le journaliste de Mediapart Fabrice Arfi, à l’origine de l’enquête qui a fait basculer la carrière de l’ancien ministre du Budget, revient sur l’affaire Cahuzac. 

Deux ans après sa condamnation à trois années de prison ferme pour fraude fiscale et blanchiment, l’ex-ministre du Budget de François Hollande, Jérôme Cahuzac, est jugé en appel à partir du 12 février pour avoir dissimulé pendant des années des comptes à l’étranger. Les révélations de cette affaire par Mediapart remontent à décembre 2012. À l’origine de l’enquête, le journaliste Fabrice Arfi. 

Dans cette affaire, ce qui a particulièrement impressionné Fabrice Arfi, ce sont les réactions de l’ancien ministre : "'Droit dans ses bottes', 'les yeux dans les yeux', 'en bloc et en détails'… Les expressions qu’il a utilisées étaient déroutantes. Des ministres m’ont raconté qu’après chaque sortie du Conseil des ministres, il les prenait un à un et il leur faisait tout un plaidoyer pro domo pour dire à quel point il était innocent, c’était affreux la cabale de Mediapart contre lui, que nous étions des sales procureurs… Et les ministres concernés étaient déroutés par la sincérité qui se dégageait de ses mots et la force de conviction qu’il avait. C’est quelqu’un de redoutablement intelligent et d’une mécanique d’esprit d’une puissance assez inédite."

Si Fabrice Arfi reconnaît qu’il n’a rien "contre la personne Cahuzac", il estime que cette affaire "dit quelque chose au-delà de son cas personnel, de nos institutions, de notre faiblesse à l’époque, même si elle a été renforcée depuis, de la lutte contre la fraude fiscale et les enjeux politiques, citoyens, financiers et économiques qu’il y a derrière ce thème, qui était un peu caricaturé par l’affaire Cahuzac, qui est l’histoire du pompier pyromane. C’est-à-dire celui qui doit lutter contre la fraude fiscale qui est en fait un pro de la fraude fiscale depuis plusieurs décennies."

"M. Cahuzac n'a pas de compte en Suisse"

Le journaliste raconte aussi comment l’affaire Cahuzac aurait pu rester secrète : "Il y a un angle mort dans cette affaire qu’on a totalement oublié, qui met gravement en cause le gouvernent, mais surtout un ministre, qui est aujourd’hui l’un des commissaires européens à Bruxelles : Pierre Moscovici. Pendant que la justice enquêtait, dans le dos du procureur, le ministre de l’Économie, qui était le ministre de tutelle de Jérôme Cahuzac et en plus son ami, a fait sa propre enquête administrative secrète en envoyant de mauvaises questions aux autorités suisses dont la réponse est revenue en France en disant : 'M. Cahuzac n’a pas de compte en Suisse.' Cette réponse, il l’a donnée discrètement aux policiers et aux magistrats. En un mot, ce qu’il a tenté de faire, c’est de saborder l’enquête judiciaire."

Dès lors, "imaginez que le procureur de la République se dise : 'Je vais prendre pour argent comptant ce que le ministre me met sous le nez. (…) Donc, il n’y a pas de compte. Fin de l’enquête, je classe sans suite.' Vous vous rendez compte ? Ça veut dire que nous, nous aurions été des accusateurs, des calomniateurs, des diffamateurs et la vérité aurait été dans le camp de M. Cahuzac. Il aurait gagné cette histoire et nous, nous aurions été le pire du journalisme."

Finalement, ce que retient le journaliste c’est que "malheureusement, eu égard à la faiblesse de nos institutions et à la faiblesse de l’indépendance de nos institutions, il s’en faut parfois peu pour que le mensonge devienne la vérité et la vérité, le mensonge."

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